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Interview - JE T'AIME - Octobre 2022


Lorsqu'on parle de Coldwave française moderne, le nom Je T'aime reviens assez régulièrement. Il faut dire que le groupe se produit assez souvent sur scène et que ses deux très bons albums ont eu un écho auprès du public en recherche de sons alternatifs. Ne mâchant pas leurs mots, ils ont décidé de répondre à cette interview en toute honnêteté et spontanéité.

Propos recueillis par Xzvrey en Octobre 2022.





1/ Salut ! Comment allez-vous ? Comment cela se passe-t-il pour vous depuis la sortie de votre album "Passive" en février 2022 ? Est-ce que les retours sont bons jusqu'à maintenant ?

dBoy : Pour le moment, j’ai l’impression que le public aime assez ce disque. En-tout-cas les gens qui ne l’aiment pas ne sont pas venus nous en parler directement. À l’heure où je t’écris nous préparons activement la sortie prochaine de la seconde partie « AGGRESSIVE » de ce double album. On bosse sur la finalisation des visuels qui vont entourer ce disque.


Tall Bastard : en-tout-cas personne n’est venu nous dire qu’on avait fait moins bien que le premier et c’est ce qu’on ressent aussi quand on joue les morceaux sur scène. Après, c’est difficile d’avoir un retour objectif après une prestation scénique.


Crazy Z. : On n’a pas eu le temps de beurrer les tartines en tout cas cette année. C’est notre troisième sortie depuis février, mais on n’a pas négligé la qualité et j’ai vraiment hâte de proposer AGGRESSIVE au public, c’est mon préféré.



2/ Avez-vous fait beaucoup de concerts ces derniers temps ? Avez-vous des dates prévues dans les prochains mois ? Pouvez-vous nous raconter un bon souvenir de concert s'il vous plaît ?

dBoy : On a eu la chance d’être contacté par pas mal de programmateurs de concerts, ce qui est plutôt bon signe. Il nous reste encore une dizaine de dates d’ici la fin de l’année.


Tall Bastard : On vous donne RV en Italie fin octobre, ainsi qu’à l’Autumn Moon Festival en Allemagne, puis en décembre à Nantes, Rennes, La Rochelle et Paris !


Crazy Z. : Des souvenirs ? Le dernier, c’est en Allemagne. Pour une fois, on partait du concert TÔT (ce qui a d’ailleurs donné des cauchemars à dBoy, pas l’habitude le pauvre). Un runner nous raccompagnait en voiture à l’hôtel en pleine nuit, quand on a subi un contrôle par la Politzei. On rigolait tellement comme des baleines qu’ils ont appelé une brigade de chiens pour nous passer au peigne fin. On a bien dû leur faire perdre 40 minutes de leur temps. Force à eux.




3/ Bon, on ne va pas passer à côté d'une petite présentation du groupe n'est-ce pas ? Qui fait quoi dans votre horde ? Est-ce que le line-up actuel est le même qu'à vos débuts ?

dBoy : Le trio existe seulement depuis quatre ans et il n’a pas bougé depuis. Tall Bastard s’occupe des guitares, Crazy Z. de la basse et des synthés et moi du chant.




4/ Une question me taraude, pourquoi avoir appelé votre groupe "JE T’AIME" ? C'est un choix assez particulier. J'ai l'impression que, d'une manière ou d'une autre, ce nom intrigue ou interpelle, en tout cas, il pique la curiosité du public (il me semble). Avez-vous eu des réflexions quant à ce choix de nom de groupe ?


dBoy : J'avais invité des amis à dîner chez moi, c'était il y a quatre ans. À la fin de la soirée, il ne restait plus que Tall Bastard avec qui nous discutions musique depuis des heures. Je lui ai proposé qu'on aille en faire dans mon studio, plutôt que d'en parler. On a pris le vin avec nous et on a démarré une chanson, un peu au hasard. Au petit matin, nous avions terminé un premier titre. On était complètement saoul et on n’arrêtait pas de se dire : oh lala mec je t'aime tellement !


Tall Bastard : Bon après une fois qu’on a dit ça faut assumer et prendre un peu de recul. Il y avait aussi l’influence de Gainsbourg dans ce nom. Mais aussi le fait de faire comprendre aux gens qu’on est français malgré le fait qu’on chante en anglais. Et ça tombe bien, « Je t’aime » fait partie de ces phrases que le monde entier est à même de comprendre et d’identifier.


Crazy Z. : Ils m’ont appelé le lendemain, surexcités. Comme je n’aime rien, je leur ai dit que c’était vraiment une idée à la con. Et que je déteste Lara Fabian. Mais j’ai signé quand même.



5/ Répétez-vous souvent ? Comment organisez-vous vos sessions de travail ? Allez-vous dans un lieu spécifique pour vos répètes ? Qu'aimez-vous faire avant et après ? Vous est-il arrivé de vous mettre une grosse caisse après une répétition ?

dBoy : Au début, on était tout le temps saoul à nos répétitions, et puis plus les chansons sont devenues compliquée à jouer, moins on a bu. Maintenant, on est tous à la San Pellegrino. Je n’ose pas imaginer si on se met à faire du jazz fusion.


Tall Bastard : Moi, je suis au régime depuis cet été. C’est compliqué l’alcool quand on veut perdre du poids et être un peu plus healthy. Et puis on passe quand même pas mal de temps ensemble sur la route, et donc des caisses, on a l’occasion de s’en prendre quand même quelques-unes. Et puis, il vaut mieux être un peu sérieux parce que pour répondre à ta question, non on ne répète pas beaucoup.


Crazy Z. : On répète souvent dans mon studio, chacun avec un casque. Du coup, je ne sais pas si tu te représentes le truc, mais si un intrus nous regarde répéter, il entend juste dBoy beugler tout seul et deux autistes autour gratouiller leur instrument avec un air super concentré. Du coup, je pense qu’on a l’air suffisamment débiles comme ça sans boire.


6/ Globalement, je trouve votre deuxième album plus énergique et intense que le premier. Pouvez-vous nous donner votre point de vue concernant les éventuelles différences entre vos deux albums ? Avez-vous travaillé différemment ou dans une optique différente ?

dBoy : Comme je l’expliquais sur la question précédente, on a beaucoup moins bu sur ce deuxième album. Du coup, on arrivait beaucoup mieux à jouer vite.


Tall Bastard : T’es sûr qu’on a moins bu ? Je n’ai pas trop de souvenirs moi. Néanmoins, pour ce nouvel album, je pense qu’on a voulu transformer l’essai et nous inscrire définitivement dans la lignée des groupes de scène tout en tentant de pas trop se répéter.


Crazy Z. : On a mieux mangé aussi. Les hachis Parmentier de Tall Bastard nous ont donné de l’énergie !





7/ Toujours selon vous : quel style pratiquez-vous ? Quelles sont vos influences d'ailleurs ? Avez-vous des groupes ou albums fétiches qui vous ont marqué dans votre vie et qui, d'une certaine manière, impactent votre façon de faire de la musique ?

dBoy : Moi, perso, j’ai voulu devenir une rock star à force de mater les VHS des Guns’N’Roses, c’était en 92. Les gars avaient tellement la classe, je voulais faire comme eux. Après, si je devais partir vivre seul sur une île avec une seule discographie, ce serait sans aucun doute celle de Dead Can Dance.


Tall Bastard : Moi, c’était en regardant des VHS des Cure et des Pixies. Il ne se passait rien sur scène. Juste une poignée de gens qui jouaient leurs morceaux live. Je trouvais ça super humble et efficace et je rêvais de leur ressembler.


Carzy Z. : Et ça fait sens, car tu adores ne rien foutre, au final. Pour le style, c’est marrant dBoy en parlait hier en disant qu’on fait de la City Wave. Sur le moment, on a trouvé ça génial, mais au final, c’est sûrement tout pourri comme toutes les étiquettes bizarres qu’on a trouvées.



8/ Pouvez-vous donner un peu de détails concernant les paroles de vos chansons ? Quels sont les thèmes principaux abordés dans vos textes ?

dBoy : Le premier album éponyme raconte l’histoire d’un gars qui ne veut pas quitter la soirée dans laquelle il se trouve. Préférant laisser sa femme rentrer seule. Une fois seul, il va commencer à faire n’importe quoi durant toute une nuit. Ce double album « PASSIVE/AGGRESSIVE » raconte la suite de cette histoire. Le gars s’est fait larguer par sa femme, sa fille le hait, même son chien s’est tiré de la maison. Bref, on raconte l’histoire d’un loser magnifique.




9/ Je crois que vous êtes originaires de Paris, c'est cela ? Y a-t-il autour de vous d'autres groupes avec qui vous aimez jouer à l'occasion ? Vous produisez-vous souvent dans la capitale ?
--> Question subsidiaire : pour moi qui suis originaire de la campagne et qui vis en Creuse, je ne sais jamais trop où donner de la tête dans votre bled. Où faut-il aller pour nourrir son esprit et passer une bonne soirée?

dBoy : Oui, nous sommes tous originaires de Paris ou des alentours. On aime la pollution et le bruit ! On essaye de pas trop jouer ici, histoire de ne pas lasser notre public. Après, si on nous propose une belle salle, on ne refuse pas, évidemment. Comme la Maroquinerie le 17 décembre prochain. Si tu veux passer un bon moment sur Paris, je te conseille la rue de Lappe vers 5h du matin, tu verras, c’est géant, mieux que Disneyland.


Tall Bastard : On adore Shaargott. C’est nos meilleurs copains. Sinon y a deux lieux où tu peux aller les yeux fermés pour trouver des bons concerts ou des bons DJ set : L’International et Le Supersonic.



10/ Comment avez-vous découvert les scènes Post-Punk/Goth ? Est-ce une passion depuis toujours ou quelque chose de plus récent ? Avez-vous fait de bonnes découvertes récemment ? Considérez-vous votre groupe comme faisant partie de ces scènes ou est-ce que cela vous gène qu'on vous qualifie par exemple de "Coldwave" ou "Goth-Rock" ?

dBoy : En vrai, on s’en fout un peu de cette musique, disons que c’était celle qui était le plus à la mode quand on a décidé de monter le groupe. On a bien fait apparemment. La dernière belle découverte, c’était Vlure, avec qui on a partagé la scène sur un festival au Portugal, des Écossais qui envoie du lourd.


Tall Bastard : Ouais. C’était ça ou du rap, mais mes parents ne veulent pas que je fasse du rap.

En truc nouveau moi, j’aime bien Oasis.


Crazy Z. : Moi j’ai découvert cette scène avec Shaargoth, y’avait « Goth » dans le nom, ça m’a plu.




11/ Vous êtes signés chez Icy-Cold Records depuis le début si je ne m'abuse. Comment êtes-vous entrés en contact avec le label ? Avez-vous écouté quelques albums de leur catalogue ? Avez-vous des suggestions d'écoute à transmettre au lectorat de Jeu D'Ombre ?

dBoy : Tout est allé très vite en fait. Au bout de six mois, quand nous avions assez de titres pour un premier album, on a envoyé des mails à quelques labels, dont Manic Depression Records. Jean-Louis nous a très vite répondus qu’il était intéressé. Il venait tout juste de créer en parallèle Icy Cold Records. On a donc signé dans ses deux labels.


Crazy Z. : Merci Jean-Loulou ! Le Nosferatu parisien !



12/ Que faites-vous dans votre vie au quotidien ? Avez-vous des jobs, familles, animaux ? Comment l'activité artistique liée au groupe s'articule-t-elle avec votre vie de tous les jours ?

dBoy : Je suis auxiliaire de soin pour personnes du troisième âge. Ce n’est pas toujours évident de switcher avec le groupe. Et c’est vrai que je pue un max la naphtaline, mais bon, ça me plaît. Sinon j’ai 4 chiens, 3 chats, 1 copine, 2 tortues et j’aimerais bien choper un varan, mais c’est compliqué les varans, ça fait ses besoins absolument partout.


Tall Bastard : Le groupe est la priorité numéro un. Mon emploi du temps (et donc d’une certaine façon celui des gens qui m’entourent) est greffé sur celui du groupe. C’est bien pire qu’une maîtresse !


Crazy Z. : Alors moi, je suis une petite pute, donc tous les jours, je vais cracher sur les autres, c’est ma passion. Et je baise les groupies des autres groupes.





13/ À part JE T’AIME, êtes-vous actifs dans d'autres projets musicaux ou via d'autres médias (radio, zine etc.) ? Avez-vous d'autres passions à part la musique ?

dBoy : Moi j’adore les animaux, les baignoires, et me promener avec ma chérie.


Tall Bastard : Je ne suis déjà pas très actif dans celui-ci, je me demande bien comment je pourrais l’être dans encore un autre !


Crazy Z. : Moi j’ai un groupe qui s’appelle Herrschaft et qui ressemble vachement à Shargot.



15/ Je sais : normalement ce devrait être la question N°14 mais j'ai oublié ce que je voulais dire alors on passe à la 15.
De nos jours, il y a vraiment beaucoup de sorties au niveau des scènes Post-Punk/Goth, et il y a un sacré paquet de qualité en plus, je trouve. Quel est votre avis sur l'état actuel des scènes Post-Punk/Goth ?

dBoy : Nous on est vraiment bons, les autres, c’est pas mal. Je pense aussi que grâce aux ordinateurs tout le monde joue beaucoup mieux, du coup tout le monde veut sortir son disque. Des fois, c’est bien, mais des fois, c’est moyen.




16/ Parlons un peu de notre pays et de son rapport aux scènes Post-Punk/Goth. Diriez-vous que la France est favorable à ces scènes ou pas du tout ? Y a-t-il assez de salles, labels, public, etc. ?

dBoy : La France n’en a absolument rien à foutre du post-punk. Ya qu’à regarder le top 50, même si ça n’existe plus. D’ailleurs je ne suis pas sûr que le post-punk ça existe encore. Tout le monde fait du post-punk aujourd’hui. C’est juste une étiquette qu’on se met sur le front pour faire genre. Mais bon, ça marche, alors...


Tall Bastard : la majorité de la France s’en fou de la musique alternative. Pour voir un public investi, il faut aller en Allemagne.


Crazy Z. : Et c’est dommage parce qu’on mange quand même mieux en France. Difficile d’avoir les deux donc. D’ailleurs, la France n'en a plus rien à foutre de la musique en général. Regarde, même pour Star Academy, il n’y a plus Kamel Ouali et Alexia Laroche-Joubert.

[NDLR : comme je n'ai aucune idée de qui sont ces deux personnes, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. Mais bon j'ai saisi l'idée ;-) ]



17/ Bon là vous n'avez pas le choix, si vous voulez sortir de cette interview vivants, vous devez répondre à la question traditionnelle du zine : quels sont vos plats et boissons préféré·e·s ?

dBoy : Voilà une vraie question ! Mon cœur balance entre la Carbonara, version française hein, avec un max de crème fraiche et le Mont d’Or au four avec sa saucisse de Morteau. Et sinon j’adore la San Pellegrino.


Tall Bastard : C’est trop dur ça comme question ? J’adore bouffer moi !! Je dirais la blanquette.


Crazy Z. : Je suis un fan ultime de McDo. On s’y arrête tout le temps sur la route. Au moins une fois par jour. Mais c’est vrai que c’est pragmatique aussi : ça a le même goût quel que soit le pays.




14/ Ça y est, je viens de me rappeler : que pensez-vous du fait que les prix de production des supports physiques (CD, Vinyl, Tapes) augmentent vraiment de manière spectaculaire ? Cela risque-t-il de vous impacter un jour ou l'autre ?

dBoy : Je ne sais pas, je ne m’occupe pas de ça, c’est chiant je trouve.


Tall Bastard : Ou bien un bon Hachis Parmentier ?


Crazy Z. : Ha ça, faut demander à Jean-Loulou. Ou à Shaargot, je crois qu’ils sont en autoproduction.



18/ Dans votre album "PASSIVE", le morceau "On The Phone" me rappelle beaucoup le premier album du groupe Madness. Avez ces lignes de guitare sur la levée et la ligne de basse sur le temps, j'ai vraiment eu cette impression de mélange entre du Ska old-school et votre son coldwave spécifique. Comment s'est passé la création de cette chanson ?

dBoy : Je me suis réveillé un matin, et j’ai eu une méga envie de faire un titre de ska. Je ne déconne pas, c’est absolument vrai. Le pire, c’est que je hais le ska. Donc j’ai allumé mon ordinateur et j’ai pondu ce truc. Les potes ont trouvé ça drôle alors on l’a gardé.


Tall Bastard : Le pire, c’est que j’ai joué du ska pendant des années et que je n’ai jamais réussi à faire groover cette foutue guitare correctement !


Crazy Z. : dBoy est effondré qu’on l’ait gardé sur l’album je crois.



19/ Avant de terminer cette interview, aurai-je oublié de parler de quelque chose d'important pour vous ? Avez-vous quelque chose de spécifique à dire au lectorat ?

dBoy : La guerre en Ukraine ! On a sorti un EP « Kiss The Boys And Make Them Die » au profit des victimes de cette guerre de merde. N’hésitez pas à aller l’acheter sur notre boutique Bandcamp. Merci !



20/ Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions.
Je vous souhaite beaucoup de concerts et de bons moments avec votre groupe.
Cheers !



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