Aujourd'hui, Jeu D'Ombre est fier de vous présenter un entretien très spécial avec un homme légendaire qui a vécu en première ligne l'émergence de l'underground Post-Punk/Goth allemand. Véritable témoins et acteur d'une époque, Michael Scholz a oeuvré dans de nombreux groupes devenus aujourd'hui cultes parmi les passioné·es de musiques sombres. Artiste trop peu souvent cité, Michael a joué notamment dans Taste Of Decay, Garden Of Pleasure et dans son projet solo Shadowplay en plus d'autres groupes dans des styles variés. Ses travaux sont pour certains une source d'inspiration et de nostalgie ; des pièces de passion aux éclairs de génie fulgurants et intouchables.
Notre zine donne aujourd'hui la parole à un homme dont la carrière mérite amplement d'être mise en lumière, de même que sa personnalité hors du commun.
Propos recueillis par Xzvrey en automne 2024.
1/ Salut Michael ! Je suis sacrament ému d’avoir la chance de t’interviewer compte tenu du fait que tu es un des musiciens qui m’a influencé dans mes propres créations musicales. Comment vas-tu ? Quelles sont tes activités en ce moment ?
Salut Xzvrey, tout d’abord, je te remercie de t’intéresser à mes anciennes réalisations. Je vais bien, merci. De quelles activités parles-tu ? J’imagine qu’on parle plutôt de musique ici, donc pas grand-chose pour être honnête. Je réenregistre quelques anciennes chansons. Je fais également une session en tant que guitariste additionnel pour 2 titres de l’album « Roaring Silence (At The End Of The World) » du groupe de goth allemand The House Of Usher. Nous avons également fait un concert pour célébrer les 30 ans d’un de mes anciens groupes : Garden Of Pleasure en 2018. Si vous aimez, vous pouvez voir le concert dans son intégralité sur facebook :
2/ Avant de parler de tes activités musicales, peux-tu nous parler un peu de toi ? D’où viens-tu ? Où vis-tu aujourd’hui ? Quel âge as-tu ? As-tu un boulot ou d’autres activités durant tes journées ?
Je m'appelle Michael Scholz, je suis né en 1963 dans un village (Harrislee) au sud de la frontière danoise en Allemagne. Après avoir vécu longtemps à Flensburg, j'ai déménagé en 2002 avec ma compagne dans un petit village situé à proximité d'une ville appelée Rendsburg, à environ 60 km au sud de Flensburg. J'ai 61 ans. Je travaille comme administrateur d'applications (Atlassian Jira and Confluence) pour une société de communication mobile (freenet AG).
3/ Tu as joué dans le groupe culte Taste Of Decay dans les années 80. Vous avez sorti 2 démos et un EP. Peux-tu raconter l’histoire de ce groupe et nous donner ton sentiment sur les morceaux et sur cette expérience ? Pourquoi le groupe s’est-il arrêté au fait ?
Après avoir quitté le groupe « Das Grauen », un projet de punk hardcore en 1984, quelqu'un que je ne connaissais pas m'a appelé au téléphone et m'a demandé si j'étais OK pour faire de la musique avec lui et un ami. Il s'est avéré que ces deux gars étaient Simon (basse) et Felix (guitare), qui jammaient ensemble dans le sous-sol des parents de Felix. La première session a eu lieu le 17 juin 1984 (c'était un jour férié appelé « Tag der deutschen Einheit »). Nous avons donc appelé le groupe « Projekt 17. Juni ».
Au début, nous utilisions une boîte à rythmes et une fille appelée Karen chantait avec moi. Malheureusement, la cassette contenant les premiers enregistrements a été perdue, mais la première chanson était « My Heartbeat ». Plus tard, un de mes amis (Lenni), un musicien de punk rock, a rejoint le groupe à la batterie. Peu après, Karen a quitté le groupe parce qu'elle n'aimait pas Lenni et nous avons changé le nom pour « Taste Of Decay ».
Nous aimions tous des groupes comme Bauhaus, Joy Division, The Cure, Siouxsie, X-Mal Deutschland et Sisters of Mercy.
Il était donc évident pour nous de conduire Taste Of Deacy dans cette direction artistique. Nous aimions tous les vieux films d'horreur muets en noir et blanc comme « Nosferatu » de Friedrich Willhelm Murnau ou « Le Cabinet du Dr Caligari ». Nous étions également de grands fans de Bela Lugosi et de Boris Karloff. C'est pourquoi nous avons conçu la pochette de la première cassette avec des images de cette époque. Les paroles des chansons sont également inspirées des films de ce genre.
Le groupe a splité pour une raison simple :
Felix est parti à Berlin-Ouest en 1985 pour ses études et parce qu'il ne voulait pas s'engager dans l'armée. En tant que citoyen de Berlin-Ouest, on ne pouvait pas vous obliger à servir dans l'armée. Au cours de l'été 1986, Simon est allé à Kiel, une ville située à 100 km de Flensburg, pour étudier dans l'université locale.
Lenni et moi étions les deux derniers à rester vivre à Flensburg et nous avons décidé d’arrêter T.O.D. car cela devenait difficile de répéter toutes les semaines comme nous en avions l’habitude.
4/ Une compilation contenant la première démo et le EP « Calling » est sortie chez Mannequin et Infrastition records. Comment le deal a-t-il vu le jour ? La seconde démo est absente de cette compilation et n’a jamais été rééditée. As-tu des plans pour la ressortir un jour ?
Le gars de Mannequin Mailorder, Alessandro, m'a contacté par e-mail et m'a demandé s'il pouvait sortir l'EP « Calling » avec notre première cassette sur CD. J'ai donc répondu et je lui ai envoyé une copie des enregistrements originaux et quelques photos.
Alessandro n'a jamais demandé la deuxième cassette, que je trouve bien meilleure que la première. Mais personne d'autre ne semble s'y intéresser.
5/ Taste Of Decay était actif de 1984 à 1986 c’est bien cela ? Dans le livret de la compilation, j’ai pu voir quelques photos de concerts. Avez-vous joué régulièrement sur scène à l’époque ? Comment était l’atmosphère durant vos représentations ? Quelle était votre relation avec le public ?
Oui, les années sont correctes. Nous n'avons joué que 4 concerts au cours de ces deux années. L'atmosphère était assez familière, car nous connaissions la plupart des gens puisque nous ne faisions que des concerts locaux, à l'exception d'un à l'université de Kiel.
Je ne parlais pas beaucoup sur scène, j'annonçais juste les titres des chansons. Je me souviens que je ne communiquais pas vraiment avec le public et que nous nous contentions de jouer. Un des concerts fut exceptionnel cependant. Nous étions sur une grande scène avec de la fumée et des lumières rouges et bleues. Il s'agissait d'un festival avec des groupes locaux dans une salle appelée « Deutsches Haus » à Flensburg. Il a été enregistré sur cassette et même filmé en vidéo. Malheureusement, je n'ai jamais vu la vidéo, mais j'ai quelques belles photos et un article avec une photo de moi dans le journal local.
6/ Peux-tu nous raconter ton meilleur souvenir avec Taste Of Decay ?
Eh bien, le meilleur souvenir que je garde de TOD c’était quand nous avions été interviewés par un journaliste local après la sortie de notre EP « Calling ». C’était une chouette expérience que je n’avais jamais vécue auparavant. Nous nous sentions un peu comme des pop stars.
7/ Michael, après Taste Of Decay tu as été très actif durant la fin des années 80. Tu a créé le projet solo Shadowplay (qui est excellent si tu veux mon avis). Peux-tu nous raconter l’histoire de ce one-man band s’il te plaît ?
C'est un projet dans lequel je peux faire tout ce que je veux sans en discuter avec les autres membres du groupe. J'ai toujours eu des idées de chansons qui ont été rejetées par les autres. J'ai donc commencé à enregistrer les chansons par moi-même. J'ai toujours aimé des groupes comme « Sad Lovers and Giants », « Chameleons » ou « Comsat Angels » et « Danse Society » qui véhiculent tous une certaine ambiance. Je voulais faire ce genre de musique dans un groupe, mais je ne trouvais personne avec qui monter un projet à plusieurs.
En 1983, j'ai commencé à enregistrer des idées sur un magnétophone Revox B77 (prêté par mon frère aîné Ingolf). J'ai utilisé un vieux clavier d'ensemble à cordes et un MFB Fricke Beatbox. Le seul type de rythme qu'il avait était une sorte de Bossa Nova et vous pouviez changer les motifs en tournant un interrupteur à l'avant du boîtier.
J'ai ensuite enregistré les instruments avec toutes sortes d'effets comme le flanger, la distorsion et un tape echo.
À l'époque, j'ai fait mes premières expériences avec le haschisch et les champignons, mais j'ai vite découvert que cela pouvait nuire à ma santé psychologique. En fait, j'ai eu de très mauvais trips et des sentiments de paranoïa vraiment effrayants après avoir consommé ces substances.
J'ai également eu des expériences frustrantes avec des « amis », les « relationshit » courantes quoi.
J'ai essayé de me « guérir » en écrivant et en enregistrant des chansons.
Cela a duré 4 ans jusqu'à ce que je sorte la première cassette. Je pensais alors que ces chansons étaient trop personnelles et que personne ne voudrait les écouter.
7+/ Vois-tu, la chanson « Shadowplay » de Joy Division est ma chanson préférée de tous les temps ! C’est également le nom de notre zine : « Jeu D’Ombre » c’est la traduction en français de « Shadowplay » ! Est-ce que le nom de ton projet est également une référence à ce titre culte de Joy Division ?
Un de mes amis a écouté les chansons que j’enregistrait à l’époque et il les avait beaucoup aimées. Il m’a dit que je devrais les sortir en cassette sous le nom « Shadowplay » car il trouvait des similitudes avec Joy Division. J’ai accepté l’idée en tant que fan inconditionnel de ce groupe moi aussi.
8/ Shadowplay évolue dans un style plus Rock Gothique à mon sens. Pourquoi avoir choisi cette orientation artistique à l’époque ? Quels étaient les retours du public à ce moment-là quand tu as sorti la première tape : « Another Autumn Day » ?
Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu entends par « orientation artistique ». J'ai simplement composé les chansons en fonction de ce que j'étais capable de le faire. À mon avis, « Shadowplay » reflète mon état d'esprit du moment et la musique que j'écoute. Si je suis d'humeur Gth-Rock, j'écris ce type de morceau. Si je suis d'humeur à écouter de la darkwave, ma prochaine chanson ira dans cette direction.
La première cassette est sortie sur un label appelé « Individual Pop » et le propriétaire, Claus Korn, avait des contacts avec d'autres labels et fanzines. J'étais donc impliqué dans une sorte de scène internationale underground qui s'est développée au fil des années. En fait, il y a de bonnes critiques de « Another Autumn Day » dans quelques petits fanzines. C'était avant l'existence d'Internet, et il n'y avait donc pas d'autres réactions que celles de ces fanzines. J'ai reçu des demandes de contribution à des compilations de la part de labels de différents pays. Un titre de Shadowplay figure sur une compilation française d’ « Orcadia Machina ». Même aujourd'hui, je découvre encore mes chansons sur des compilations dont je n'avais jamais entendu parler auparavant.
9/ Tu as sorti deux autres cassettes en 1991 et 1992. Comment s’est passé le processus de création de ces deux enregistrements ? Tu semblais très inspiré à l’époque en écrivant tous ces morceaux. As-tu un jour eu l’idée de rassembler des musiciens pour jouer ces chansons sur scène ?
Je pense que j'avais beaucoup de choses à gérer à l’époque, donc je trouvais constamment de nouvelles paroles et j'avais beaucoup de temps pour enregistrer des chansons. J'étais étudiant et je n'avais pas beaucoup d'argent pour faire autre chose. Je m'asseyais donc dans le sous-sol de la maison de mes parents et j'enregistrais une chanson après l'autre. Je n'ai jamais pensé à jouer ces chansons en concert. Cela a changé avec mon groupe « Garden of Pleasures ». Nous avons commencé à jouer ensemble avec des chansons de Shadowplay. On peut donc considérer ce groupe comme une sorte de groupe live de Shadowplay.
10/ J’ai le CD « From Darkness To Light » qui est un extraordinaire album pour moi. Il contient « Out Of Control », donc une version réenregistrée d’un titre de ta première cassette. Est-ce que les autres titres sont nouveaux ?
C’est un mélange entre d’anciennes chansons et des nouvelles. J’ai réenregistré les anciens titres et je les ai légèrement modifiés pour l’occasion.
11/ Tu as enregistré cet album entre 2009 et 2011. Peux-tu nous raconter son histoire s’il te plaît ? Après tout, tu l’as enregistré 20 ans après « Tears », ton effort précédent de 1992 ! Dis-nous tout haha ! C’est une sorte de légende pour les gens comme nous ici 😊
Après la sortie du morceau de Shadowplay : « Rising » sur la compilation CD « New Perspectives » via Plastic Frog Records, Klaus Weinrich (le propriétaire du label) m'a demandé de sortir un album CD sur son sous-label Holy Hour Records. Je lui ai donc envoyé une cassette contenant 10 chansons que j'avais déjà enregistrées et une idée de pochette. Il a sorti l'album sur CD. Il n'y a pas grand-chose d'autre à dire à ce sujet. C'est assez ennuyeux, n'est-ce pas ? 😉 Après avoir travaillé dans un centre d'appel pendant plusieurs années, où je ne gagnais pas beaucoup d'argent, j'ai trouvé un nouvel emploi dans une petite société de logiciels.
Soudain, j'ai gagné beaucoup plus d'argent et je n'ai travaillé que 30 heures par semaine. J'ai donc eu assez d'argent pour acheter du matériel d'enregistrement et un nouveau PC. J'ai pu enregistrer mes chansons de manière indépendante avec un programme appelé « Reason », qui offre des possibilités presque illimitées. Dans mon propre studio, j'ai commencé à enregistrer de nouvelles chansons et j'ai également réenregistré toutes les anciennes chansons afin qu'elles sonnent comme il se doit (du moins pour moi). J'ai lu beaucoup de livres sur l'enregistrement et le mixage et j'ai essayé de tout faire par moi-même.
12/ Le premier album « Another Autumn Day » a été réédité via Low Ambition Records en cassette (une édition très limitée). Est-ce que les deux autres albums seront aussi réédités bientôt ? Comment s’est passé le deal d’ailleurs ? Es-tu satisfait avec cette édition spéciale ? Je veux dire : plus de 30 ans après ta cassette culte ressort… en cassette !
Oui, c'était un peu étrange d'être invité à sortir une cassette de nos jours, mais j'ai trouvé cela intéressant, même si, personnellement, je ne reviendrais jamais aux cassettes. J'ai toujours un magnétophone, mais uniquement pour numériser mes vieilles cassettes. Matt de Low Ambition Records m'a écrit via la messagerie Bandcamp en octobre 2021. Il prévoyait de lancer un label de cassettes et voulait sortir une cassette avec un design de couverture spécial. Il voulait sortir ma cassette « Another Autumn Day » sur son label et je me suis dit, pourquoi pas ? Je pense que cette sortie est bien faite à sa manière.
Fun fact, quelque temps avant que Matt ne me contacte, j'avais téléchargé « Another Autumn Day » sur mon site Bandcamp privé, juste par curiosité, pour savoir si quelqu'un le téléchargerait.
13/ À côté de Shadowplay, tu étais également le chanteur de Garden Of Pleasure, un groupe de Post-Punk/Goth-Rock allemand. Peux-tu nous en dire plus sur ce groupe aussi s’il te plaît ?
C'est avec « Garden of Pleasures » que j'ai eu le plus de plaisir à jouer sur scène, et nous avons fait beaucoup de concerts. Tout a commencé en 1987. J'avais une petite amie qui allait dans une école danoise à Flensburg, ce qui n'était pas inhabituel dans cette région, car nous avons une minorité danoise bien établie. Elle s'appelait Kerrin.
Quoi qu'il en soit, elle avait quelques camarades de classe qui jouaient avec des instruments dans une salle de répétition, rien de sérieux. Ils commençaient tout juste à faire de la musique.
L'un d'entre eux a donc demandé à ma petite amie si je voulais venir à l'une de leurs répétitions et si nous pouvions faire de la musique ensemble. Ma copine m'a demandé et je me suis dit : « Pourquoi pas ? À cette époque, je n'avais pas de groupe, T.O.D était mort depuis longtemps, alors je me suis dit : « voyons ce que font ces gars ».
Je suis allé dans cette vieille maison abandonnée, il y avait des pièces où les groupes pouvaient faire de la musique sans déranger les autres. Bien sûr, il fallait payer pour cela. Il n'y avait pas de toilettes. Non, ce n'est pas exact, parce qu'il y avait l'escalier...
J'ai alors ouvert la porte d'une petite pièce où se trouvaient quatre jeunes gars âgés de 17 à 19 ans qui jouaient avec des instruments. Je leur ai montré comment jouer une de mes chansons de Shadowplay (Out Of Control) et cela s'est avéré assez probant pour un début. Kim, le plus jeune d'entre eux, était un très bon batteur, Mark jouait de la guitare à peu près comme moi et Stefan s'est avéré être un bon bassiste.
3 mois plus tard, nous avions 10 chansons et nous avons annoncé notre premier concert dans notre salle de répétition. C'était la veille du 18ème anniversaire de Mark. La salle était pleine de gens invités à la fête et il y avait beaucoup d'alcool. Ce concert a été enregistré sur cassette et nous nous sommes beaucoup éclatés.
À un moment donné, je suis tombé à la renverse sur la batterie et j'ai cassé l'un des pieds de cymbale. J'avais une énorme tâche bleue sur la cuisse, mais je ne ressentais aucune douleur.
Je pourrais vous raconter bien d'autres histoires drôles que nous avons vécues avec G.O.P. Nous avons même eu l'honneur de faire la première partie de « Every New Dead Ghost » lors de leur tournée. Dommage que nous n'ayons jamais sorti d'album officiel à l'époque. Nous n'avons fait que distribuer des cassettes de nos chansons à nos amis.
14/ Tu étais actif dans ce groupe en même temps que Shadowplay à ce moment-là, j’imagine donc que la musique avait une importance particulière dans ta vie ?
Oui la musique a toujours été importante pour moi, pas seulement à cette époque. Mais je ne veux pas vous ennuyer avec mon histoire personnelle 😉
15/ Après l'année 1992 et l'album « Tears » ( de Shadowplay ), il semble que tu étais moins impliqué dans la musique mais j'ai quand même vu que tu as fait quelques featuring dans quelques groupes avant d’enregistrer l'impressionnant album « From Darkness To Light ». Peux-tu nous raconter l'histoire de ces années entre 1992 et 2009~2011 ?
Je continuais à faire de la musique, mais ce n'était peut-être pas aussi important qu'avant. En 1994, j'ai chanté pour « Animal Passions ». C'était une sorte de groupe influencé par The Cure et Fields of the Nephilim. Nous n'avons fait que quelques concerts et n'avons jamais rien sorti. J'ai une vidéo d'un de nos concerts, mais c'est tout. Le batteur a rapidement quitté le groupe et nous avons essayé de continuer avec une boîte à rythmes. Puis notre bassiste est parti étudier à Berlin et le groupe est devenu de l’histoire ancienne (comme toujours).
J'ai commencé à faire une musique complètement différente avec le membre restant, Peter Rowell. Il avait un synthétiseur et nous avons commencé à faire de la synth-pop et de l'EBM (electronic body music), mais nous utilisions aussi des guitares.
Nous avons appelé le projet « The Whiplovers » et nous avons sorti un Maxi single CD autoproduit intitulé « Y2K » en 1999. Ensuite, nous avons reçu une proposition d'un certain Stefan Kuboteit. Il vivait à Hambourg et a géré quelques autres groupes comme « Dance or Die » et « Paralysed Age ». Il est venu à l'un de nos concerts à Flensburg et a aimé notre musique. Nous avons donc commencé à être gérés par son agence.
Le nom est devenu « RE-SET ! » et nous avons été « forcés » d'écrire quelque chose qui devait nous amener au sommet des charts indépendants. Mais nos chansons n'étaient pas assez bonnes pour les charts. Nous avons eu quelques concerts intéressants et un album jusqu'en 2005, puis nous avons décidé de mettre fin au partenariat et au projet. Nous n'avions pas de succès et je n'avais ni le temps ni l'énergie pour continuer.
16/ Bien, parlons de la musique via un autre angle maintenant. Quelle est l’importance de la musique pour toi en général ? Quel impact a-t-elle eu sur ta vie à l’époque et aujourd’hui ?
Comme je l'ai déjà dit, la musique a toujours fait partie de ma vie, depuis le début. Elle a donné un sens à ma vie et m'a permis de rester sain d'esprit. Ces dernières années, les choses ont changées. Cela a commencé avec le développement des réseaux sociaux sur Internet. J'ai découvert de nombreux groupes qui étaient bien meilleurs que moi. Je me suis dit que toutes les paroles avaient été écrites et que tous les accords avaient été composés. Cela m’a donné envie d’arrêter de faire de la musique. Je n'avais plus rien à dire.
17/ Es-tu encore actif dans la musique d’une manière ou d’une autre dans l’univers Post-Punk/Goth ? Est-ce que tu écoutes toujours ce genre de musique d’ailleurs et achètes-tu toujours des disques çà et là ?
Oui, j'écoute toujours tous les groupes que j'avais l'habitude d'écouter à l’époque. J'aime même certains des nouveaux groupes post-punk et gothiques. Grâce à Discogs, j'ai trouvé de vieux disques que je n'avais pas achetés par le passé, parce que je n'avais pas assez d'argent. Aujourd'hui, je peux me le permettre. Sur Bandcamp, on peut trouver de nouveaux groupes intéressants. Je peux acheter la musique directement auprès des groupes, ce qui est génial.
18/ Si tu devais comparer l’univers et les fans de post-punk/goth des années 80/90 et d’aujourd’hui, quelles seraient les différences selon toi ?
Aujourd’hui c’est plus une mode et une mascarade commerciale à mon sens. À l'époque, nous devions fabriquer nos vêtements nous-mêmes ou nous devions aller à Londres ou dans d'autres grandes villes pour acheter des Dr. Marteens. Aujourd'hui, on cherche sur Google et on achète sur Amazon ou sur le site web d'un magasin. On peut trouver tous les types de musique en ligne et entrer en contact avec tout le monde via les réseaux sociaux. Il est devenu si facile de sortir un album et même de trouver les bonnes personnes qui l'achèteront. C'est une énorme différence par rapport à l'époque où je jouais dans des groupes. Aujourd'hui, on peut facilement atteindre des gens dans le monde entier et entrer en contact avec presque tout le monde.
19/ Comment était-ce de jouer dans des groupes Post-Punk/Goth à l’époque où tu étais investi dans Taste Of Decay et Garden Of Pleasure ? Était-ce facile de trouver des concerts ? Y avait-il plus de groupes, de public, de labels de salles de concerts etc ? Pour celles et ceux qui sont nés plus tard comme nous, cela semble être un âge d’or que nous ne retrouverons jamais…
Oh, c'était très difficile pour nous, parce que nous n'étions pas à Hambourg, ni à Berlin, ni dans aucune autre grande ville. Nous n'avions que des MJC ou de petits clubs où nous pouvions jouer. Nous étions limités à la scène locale. J'ai toujours voulu déménager dans une grande ville, parce que je pensais que nous pourrions toucher plus de monde, en particulier les journalistes musicaux et les propriétaires de labels. Comme je l'ai déjà dit, de nos jours, les réseaux sociaux permettent de toucher plus de monde. Je pense qu'aujourd'hui, c'est plutôt l'âge d'or pour les groupes.
20/ Bon, habituellement, la question n°20 est la dernière (ou pas loin) dans la plupart des interviews mais je suis loin d’en avoir fini avec toi haha. Cependant, je te propose un petit break. C’est l’heure de la question que tout le monde craint : quels sont tes plats et boissons préférés ? ^^
Mon plat préféré ? Mais bon sang combien de temps va durer cette interview ? Le premier : les spaghettis avec ma sauce maison et presque tous les plats italiens, végétariens bien sûr. Ma boisson préférée, par où commencer ? Comme je suis né près de la ville de Flensburg en Allemagne, j'ai été élevé avec la bière locale « Flensburger Pilsener ». J'aime aussi les bons cocktails comme le « Planters Punch » ou le « Long Island Ice Tea ». Il serait plus facile de dire quels types de boissons je n'aime pas 😊
21/ Je ne peux pas éviter cette question classique mais intéressante : quels sont tes influences musicales. Quels sont les albums clés qui ont façonné tes goûts musicaux et qui t’ont donné l’envie de faire de la musique ?
Un des mes albums préférés est (surprise) : Closer de Joy Division. Le premier album de Bauhaus a aussi eu un fort impact, de même que les premiers albums de The Cure. J’ai été très influencé par « Feeding The Flame » de Sad Lovers & Giants mais aussi par « Only Theatre Of Pain » de Christian Death qui m’a pas mal inspiré en matière d’écriture. Mais le premier album qui m’a donné envie de faire de la musique était « Ramones » de The Ramones. J’ai commencé un groupe avec 3 copains en 1979, cela s’appelait « Chaingang » et nous jouions des chansons des Ramones et des Clash avant de commencer à écrire nos propres titres Punk Rock.
22/ Parlons de quelque chose d’un peu spécial maintenant. Nous sommes toi et moi entrés en contact car nous avons repris un de tes morceaux : « Calling » avec mon propre groupe de Goth-Rock : The Last Oath. Nous voulions vraiment faire une reprise de Taste Of Decay. Nous la jouons toujours de temps à autres et ce depuis 2016 !
Comment t’es-tu rendu compte que nous faisions cette reprise et quelle a été ta réaction ?
J'ai remarqué pour la première fois une entrée sur Discogs il y a quelques semaines. J'ai lu que « Calling » figurait sur votre album « Palynsyndrome ». Je l'ai écoutée sur votre page bandcamp et, honnêtement, je me suis demandé pourquoi quelqu’un jouerait cette chanson. C'était intéressant de l'écouter sans ma voix et même avec des paroles différentes. Je me suis simplement demandé pourquoi vous ne m'avez pas écrit pour me demander les paroles. Je vous les aurais volontiers envoyées. Quoi qu'il en soit, je n'étais pas fâché ou quelque chose comme ça. J'étais simplement curieux et j'ai essayé de vous contacter. Et nous voilà aujourd’hui 😊
23/ Tu sais nous n’avions pas réussi à trouver les paroles d’origine par nous même (ni sur le CD compile, ni sur internet) alors nous avons écris nos propres paroles. De plus, notre version est très courte par rapport à l’originale. N’étais-tu pas déçu que nous l’ayons transformée à ce point ?
Non, ce que vous avez fait est super, même si le break me manque (j'adore les break). La guitare sonne quasiment pareil. Je n'ai pas pu le refaire moi-même. Je vous félicite donc. Je n'aurais jamais pensé que quelqu'un aurait envie de jouer cette chanson.
24/ Tu sais, à chaque fois que nous la jouons, nous expliquons TOUJOURS qu’il s’agit d’une reprise de Taste Of Deacay. Et, parfois, il arrive que certaines personnes connaissent la chanson d’origine dans le public ! Avais-tu conscience que, pour certaines personnes, Taste Of Decay est un groupe culte ?
Merci beaucoup de nous citer. À l’époque, en 1986, nous faisions la blague suivante à propos de Taste Of Decay : « c’est le groupe culte et secret du nord », car nous n’avions fait que quelques concerts avant de spliter alors même que nous n’avions pas encore eu l’occasion de toucher un public plus large.
25/ Si cela était possible, viendrais-tu sur scène pour chanter « Calling » avec nous ? :-D
Certainement ! mais je dois insister pour chanter mes propres paroles. Je suis trop âgé pour en apprendre de nouvelles 😉
26/ Michael, c’est un honneur d’avoir l’opportunité de te poser toutes ces questions. En voici une de plus : es-tu fier de ta carrière musicale ? Après tout, tu as écrit de très nombreuses chansons extraordinaires. Espérais-tu une plus grande reconnaissance ?
Quoiqu’il en soit, tu as toute notre admiration 😊
Oh, merci beaucoup.
Eh bien, je n’attendais pas nécessairement une plus grande reconnaissance car ma musique n’était pas suffisamment bien produite et je n’avais pas le carnet d’adresses nécessaire. Le fait de vivre dans une petite ville n’aidait pas non plus. Nous étions loin des grandes salles de concert, donc, nous n’avions pas la possibilité d’entrer en contact avec les personnes gérant des labels à l’époque.
27/ Tu sais, nous devons malheureusement nous arrêter à un moment mais je n’ai vraiment pas envie de mettre fin à cette interview. Voici donc une question très importante ! Aurons-nous la chance d’entendre de nouvelles chansons de ta part que ce soit sous le nom Shadowplay ou un autre dans un futur proche ?
Oui, j’ai écrit quelques nouvelles chansons pour Shadowplay et j’enregistrerai peut-être un dernier album. En fait, j’ai uploadé quelques nouveaux titres sur mon bandcamp et mon soundclould.
28/ Est-ce que tu continue à jouer de la musique pour toi de temps à autres ? Je veux dire : avec des amis ou en faisant des jams ?
Eh bien, mes vieux amis vivement très loin ou sont déjà décédés donc je joue tout seul avec ma nouvelle guitare ; ce qui est très relaxant pour moi d’ailleurs.
29/ Souhaites-tu dire quelque chose de plus aux personnes qui lisent cette interview ? Un message à passer ?
Bienvenue à la fin de cette interview, c’était un long voyage pour nous 😊
30/ Eh bien Michael, MERCI BEAUCOUP de nous avoir donné autant de temps pour répondre à nos questions. J’espère vraiment qu’on aura l’occasion de se rencontrer face à face un jour ou l’autre, ce serait un plaisir.
S’il te plaît, accepte ma plus sincère sympathie et mon admiration pour toute ta carrière.
A très bientôt j’espère.
Cheerz ! 😊
Tout le plaisir est pour moi, j’espère aussi qu’on se rencontrera face à face un jour. Nous pourrions même faire un peu de musique ensemble. Merci beaucoup pour le temps que tu m’as consacré. Prends soin de toi.
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