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Interview - Horror Vacui - Juin 2022




Horror Vacui est sans conteste un des groupes les plus importants de l'underground post-punk/goth actuel. Avec 4 albums tous plus réussis les uns que les autres et des concerts en pagaille, ils se sont constitués une solide réputation au fil des années. La particularité de cette entité, c'est que ses membres viennent tous au départ de la scène punk. C'est avec une immense joie que nous vous proposons aujourd'hui cette longue interview très "in-depth" pour vous donner l'occasion de rentrer plus avant dans l'univers de formation à nul autre pareil.


Entretien réalisé par Xzvrey en juin 2022



1/ Welcome To Hell Horror Vacui !
Comment allez-vous ? Quelles sont vos activités en ce moment ? Répétitions ? Concerts ? Enregistrements ? Soûlographie peut-être aussi ?

Salut, ça va ici, ni très bien, ni très mal ; être vivant à notre étrange époque, c’est déjà un exploit en soi, du coup on ne se plaint pas, d’un autre côté nous ne sautons pas de joie non plus. À part donner quelques concerts ici et là, nous passons du temps à jammer et à rassembler quelques nouvelles idées pour de futures chansons. On peut dire que le groupe est « d’une drôle d’humeur » en ce moment et nous essayons de remédier à cette situation. Voyons ce que l’avenir nous réserve en sommes.



2/ Votre dernier album "Living for Nothing" est un énorme coup de poing atomique dans la tronche. Rencontre-t-il le succès escompté ou êtes-vous déçus ?
Personnellement, j’ai l'édition CD de Bat-Cave Production, mais il existe d'autres versions, sur différents supports et labels. Pourquoi avez-vous choisi d'éditer différentes versions ?

Je pense que “Living For Nothing” est notre meilleur album à ce jour. Nous en avons édité 1000 copies et il est déjà presque sold-out. La boîte de pressage travaille actuellement sur un second pressage. Étant donné que nous sommes un groupe complètement « Do It Yourself » sans contrat avec des distributeurs européens ou aux USA, c’est une sacrée réussite pour nous. Le plus beau, c’est qu’il est sorti en juin 2020 et que nous n’avons fait qu’à peine 10 concerts sans tourner en Europe ou aux USA. Cela en fait donc un succès d’autant plus valorisant pour nous que l’album a été distribué majoritairement via Internet. Toutes les chroniques que nous lisons en disent du bien donc nous sommes très satisfaits. C’est seulement dommage que nous n’ayons pas pu défendre cet album devant un plus large public à cause de la pandémie.


Nous sortons toujours l’édition vinyl de nos albums nous-même, mais nous passons par d’autres labels pour les versions CD et K7. C’est génial pour nous d’ailleurs, car il semble qu’un plus grand nombre de personnes ait accès à notre musique compte tenu du fait qu’elle est disponible dans n’importe quel format.




3/ Horror Vacui ayant débuté en 2010 et sorti 4 albums complets, on peut dire que vous avez une histoire riche. Peux-tu nous dire comment le groupe a été créé ? Dans quelles conditions et quelle ambiance avez-vous pensé : "Je veux faire ce groupe" ?

Quand Marzia et moi (Koppa, chanteur) vivions à Londres en 2006, nous avons découvert la scène goth et pour moi, c’était quelque chose de nouveau et très excitant. Marzia écoutait déjà des prods goth alors que de mon côté, j’étais carrément dans le milieu crust, punk, hardcore et punk-rock old-school.

Un jour, j’ai été surpris par la musique goth : quelques albums sont sortis par des groupes bien D.I.Y. qui étaient déjà actifs dans des projets crust/punk (Estranged de Portland, USA et Spectres de Vancouver, Canada). Après avoir écouté ces albums fracassants [NDLR : comprenez « ça déchire la gueule »], je me suis rendu compte que je pouvais moi aussi monter un groupe dans ce registre musical et proposer cette musique à un public plus habitué au punk bien agressif. C’est ainsi que les choses ont commencé.

Notre première répétition a eu lieu dans un squat à Bologne et nous avons toujours conservé ce genre d’approche. Les choses se sont mises à bouger quand le nom d’Horror Vacui a commencé à circuler non seulement au sein de la scène punk, mais aussi dans les scènes goth, puis indé, etc.



4/ Vous avez créé le groupe en 2010, donc, durant une période où l’underground post-punk/goth était en pleine explosion : beaucoup de nouveaux groupes et de sorties d’album chaque année. L’avez-vous ressenti ainsi à cette époque ? Quelle est votre opinion à propos de cette renaissance ?
Quel genre d’accueil avez-vous eu quand vous avez commencé le groupe (je veux dire, durant vos premiers concerts, démos, avant le premier album en sommes) ?

Eh bien, quand nous avons commencé à jouer, il y avait très peu de groupes qui pratiquaient ce style. Je fais référence à la scène punk ici ok ? Je ne connaissais pas vraiment la scène goth avant 2011. Sans parler de la scène indie à laquelle je n’ai jamais prêté attention. Pour clarifier, il y avait sans aucun doute énormément de groupes émergeants dans les scènes goth au fil des ans, et parfois, certains étaient aussi actifs dans la scène indie sans doute ? Mais ce n’était pas notre champ de bataille, donc je ne peux pas vraiment en parler. Quand nous nous sommes formés, à part les grands classiques, on ne connaissait que les groupes Spectres et Estranged. On a ensuite découvert Belgrado [ndlr : groupe de post-punk, très punk originaire d’Espagne] après notre formation et ils sortaient juste leur premier album. Ensuite, c’était au tour de Lost Tribes [ndlr : groupe originaire de Virginie, USA] d’émerger, de même que d’autres groupes de la côte ouest des Etats-Unis (Moral Hex, Crimson Scarlet etc). À cette époque un peu charnière de la scène goth/punk il n’y avait que peu de groupes en Europe à part Belgrado et nous. Attention, je parle toujours de la scène punk, pas de la scène « club » (ndlr : Koppa veut dire la vague plus punk et agressive de la scène goth actuelle par opposition aux styles moins punks et rock’n’roll). Je me souviens qu’il y avait des groupes qui jouaient dans des clubs « goth » mais aucun n’a retenu mon attention, car j’aime ce style quand il est joué par des punks. En fait les punks le font mieux haha :-D


Je n’ai jamais ressenti que nous faisions partie d’un mouvement ou quoi que ce soit. Ce genre d’histoires a déjà été écrit par le passé et je ne crois pas qu’il reste encore quelque chose à créer à ce niveau-là. Pour moi le dernier mouvement à avoir existé, c’était le grunge. Je considère le revival du punk en 1995 plus comme les cendres de ce qu’était le grunge. Après cela, peut-être que la « culture » rave peut être considéré comme un mouvement, mais je ne considère pas vraiment cela comme de la musique.


Au moment où nous avons commencé, nous avions beaucoup de regards tournés vers nous, car tous les membres du groupe avaient déjà une certaine présence dans la scène punk et nous jouions tous dans d’autres groupes, faisions partie de labels ou de squats et ainsi de suite. Donc, dans notre ville (Bologne en Italie), tout le monde connaissait Horror Vacui alors même que nous n’avions pas encore joué sur scène. Quand nous avons commencé à faire des concerts, la salle était pleine de gens qui venaient se foutre de nous, car ils savaient que nous pratiquions un style différent des autres groupes de la soirée. Une fois le set terminé, tout le monde est venu nous voir pour nous dire que c’était génial et pour nous demander quand aurait lieu le prochain concert. On leur a botté le cul et fait fermer leur gueule HAHAHA ! Ensuite, tout s’est déroulé tranquillement pour nous à nos débuts. Les gens ont aimé la démo et nous avons reçu des offres de la part de 3 labels différents pour la presser en vinyl, K7 et CD et nous avons commencé à croire en nous. Et les choses ont continué à se dérouler ainsi jusqu’au jour où j’écris ces lignes.





5/ Que pensez-vous de la scène post-punk goth aujourd’hui, en général ? Je veux dire : 12 ans après la création de votre groupe et le développement progressif de l’underground, avez-vous la même passion qu’avant ?

Je crois que ce sont deux questions très différentes. Bon, je ne suis pas calé concernant la scène goth. Comme je l’ai dit plusieurs fois, je vis dans la scène punk. Qu’est-ce que la scène punk ? Pour faire court, c’est un réseau de personnes qui organisent des concerts, des tournées, sortent des disques, les distribuent, jouent dans des groupes, les font voyager partout dans le monde, se soutiennent, organisent des démonstrations, établissent des squats, écrivent des fanzines etc… 90% des personnes actives dans la scène punk participent à au moins une activité que je viens de citer. Puis-je en dire autant de toutes les autres scènes du monde ? Non. Je pense que la chose la plus proche de la scène punk, c’est la scène métal, mais plutôt en ce qui concerne la musique, car la scène métal me semble beaucoup moins engagée politiquement (heureusement parfois, d’ailleurs). Peut-être que la scène goth s’en rapproche aussi, ou mieux, il est clair qu’il y a une scène goth, mais je suis tellement habitué à la scène punk qu’elle [NDLR : la scène goth] me parait plus petite et moins forte aussi. Par exemple : nous recevons régulièrement des offres pour jouer des concerts de la part de tourneurs ou de groupes qui souhaitent nous inviter à jouer dans leur ville ; des propositions d’interview dans des zines aussi et autres trucs du genre, mais ces offres proviennent le plus souvent du circuit punk. On reçoit aussi ce genre d’invitation de la part de personnes œuvrant dans la scène goth aussi, bien sûr, mais c’est très différent. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien, juste différent. Quand je vais voir un concert de punk, je vois que tout le monde se connaît et passe la soirée à faire la fête ensemble. Quand je vais voir un concert de goth, les gens sont plus discrets, et c’est également le cas quand il est question pour un groupe de se rapprocher des autres groupes. Je ne ressens pas exactement le même soutien que celui que je peux ressentir dans la scène punk, mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose du tout.


En ce qui concerne la seconde question, et bien, j’ai perdu beaucoup de ma passion. Pas vraiment envers les groupes ou la musique en général, mais pour tout. Je ne m’éclate plus autant qu’il y a 5 ans. Je ne meurs plus d’envie de parcourir le monde à bord d’un van pour jouer tous les soirs. Je n’apprécie plus autant la vie qu’avant. Peut-être que je deviens vraiment un goth ou alors ce sont les effets secondaires de ce putain d’enfer que nous avons toutes et tous vécu pendant les deux dernières années… Je préfère rester à la maison avec quelques amis et partager un bon dîner avec quelques bouteilles de bon vin plutôt que de jouer à 3 heures du mat devant une bande de punks dégénérés héhéhé. Je l'ai fait pendant si longtemps que je sens qu'il est temps de passer à autre chose. Peut-être que si cela arrive, je ressentirai à nouveau la même passion.



6/ Comment avez-vous découvert la scène post-punk/goth ? Étiez-vous des maniaques des groupes old-school comme Joy Division, Fields Of The Nephilim, Siouxsie, Bauhaus et consorts ou plutôt par le biais de groupes récents ?
Quels sont vos albums préférés (tous styles confondus) ? Est-ce que ce sont les mêmes qui vous influencent dans Horror Vacui ?

Pour ma part (Koppa), j’ai découvert les grands noms quand j’étais au lycée (Joy Division, The Cure, Siouxsie, Bauhaus) et je dois avouer que le genre ne m’avait pas du tout impressionné à l’époque car j’écoutais des choses beaucoup plus hard. En 2005, juste après avoir déménagé à Londres, un ami m’a refilé une cassette avec une sélection de groupes que j’ai vraiment aimé (Sisters Of Mercy, Jilling Joke, Mephisto Walz, Christian Death etc). Quand je vivais à Londres, je travaillais dans un magasin de chaussures juste à côté d’un pub goth et j’y allais tous les soirs après mon travail. L’endroit était vraiment magique et c’est là-bas que j’ai commencé à creuser le genre. Quand je suis retourné vivre à Bologne et que je me suis rendu compte que plusieurs groupes de punks commençaient à créer des projets post-punk à l’autre bout de la planète, je me suis dit que c’était le bon moment pour moi de faire la même chose. C’est ainsi que les choses ont commencé. Je suis carrément plus aficionado des groupes old-school que tu as cité et j’ajouterai : Lords Of The New Church, Killing Joke, Screaming Dead, Sisters Of Mercy, Musta Paraati, Siekiera, Corpus Delicti, X-Mal Deutschland et des tonnes d’autres. Concernant les groupes récents, mes préférés sont : Spectres, Estranged, Crimson Scarlet et Belgrado.


Mes albums préférés sont :

1) WRETCHED “Libero Di Vivere, Libero Di Morire”

2) SIOUXSIE AND THE BANSHEES “Juju”

3) A FLOCK OF SEAGULLS “S/T”

4) QUEEN “Queen II”

5) DISCHARGE “Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing”

6) THE DOORS “Strange Days”

7) NIRVANA “Bleach”

8) DISORDER “Perdition”

9) KILLING JOKE “Night Time”

10) BLACK SABBATH “Sabbath Bloody Sabbath”


On pourrait continuer cette liste à l’infini et elle serait différente chaque jour à l’exception des premiers albums cités. Tout ce que j’écoute, regarde, entends, ressens et vis m’influence pour la musique et les paroles d’Horror Vacui.



7/ Koppa, à part Horror Vacui, tu as créé et gères toujours le label punk : Agipunk. Est-ce exact ? Quelle est la philosophie derrière ton label ? Qu’est-ce que tu recherches quand tu signes un groupe ?

Agipunk est un label créé vers 1995 par mon ami Mila dans une ville proche de Milan, au nord de l’Italie. Au début, c’était un label d’anarcho-punk DIY. Mila co-produisait des albums avec d’autres labels et il a ensuite commencé à faire des trades avec eux, car ils distribuaient aussi des albums qu’ils n’avaient pas produits eux même. Au fur et à mesure, Agipunk a été capable de sortir des albums tout seul sans l’aide d’autres structures. Après quelques années, Agipunk est devenu un des plus importants labels mondiaux en termes de DIY dans les styles : crust, political hardcore, anarcho punk et grind et on a attiré l’attention de groupes plus importants et de légendes old-school qui voulaient rééditer leurs albums via Agipunk. Quelques noms : Wolfbrigade, Doom, Extreme Noise Terror, Wretched, Eu’s Arse, Vitamin X, Hellbastard, Slaughter, Extinction Of Mankind, Hellshock…

J’ai créé mon propre mini label/distro en 1999 sous le nom de Disastro Sonoro Records et en 2006 quand je suis retourné en Italie, j’ai rejoint Mila pour transformer Agipunk en une plus grosse structure (label, distro, booking de concerts en DIY, prêt de vans pour les groupes en tournée). Le pognon n’était pas vraiment un problème, car nous faisions cela par passion et pas pour faire du profit, car nous avions tous des jobs à côté. Mais lorsque tu finis par passer 8 heures par jour à gérer le label, tu dois te demander si tu continues de faire ça par passion ou si cela vaut le coup d’y investir toute ton énergie (ce qui signifie ne plus avoir de travail classique) et d’essayer de vivre de cette passion. Nous avons choisi la seconde option et nous avons travaillé. Aujourd’hui il n’y a plus que Masbucci (guitariste d’Horror Vacui) et moi-même qui faisons tourner Agipunk car Mila est parti vivre aux USA.

Évidemment, nous recherchons de nouveaux groupes pour sortir leurs albums, mais nous ne signons jamais de contrats, car nous voulons que les groupes conservent leur liberté. Les éléments de base que nous recherchons sont : être amis avec les membres du groupe. Il faut que nous aimions la musique (on ne signe pas de groupe dont la musique nous déplaît.). Enfin, le groupe doit être sérieux et avoir envie de jouer sur scène et de tourner, sinon, s’ils se séparent juste après avoir sorti leur album, je sais d’avance que je vais avoir un bon paquet de disques emballés dans des boîtes qui prendront la poussière au fond de mon stock… Normalement, nous proposons un deal, si le groupe l’accepte c’est cool, sinon nous restons amis comme avant. Les groupes conservent leur contrôle sur leurs albums, et, tant que tout se fait avec respect et équité, il y a beaucoup à gagner pour tout le monde en matière de fun, liberté et pourquoi pas de temps en temps, un peu d’argent.





8/ Quels sont tes albums favoris concernant la scène punk ? Si quelqu’un te demande : « qu’est-ce que c’est le punk ? », que répondrait tu ? (Essaye de faire le plus synthétique possible… Tu as 4 heures haha).

Alors je pense que j’ai partiellement répondu dans les questions précédentes [NDLR : en effet, question 5].


Pour les albums :


1) WRETCHED “Libero Di Vivere Libero Di Morire” (le groupe qui a changé ma vie grâce à leurs paroles et à leur musique agressive),


2) RAMONES “Rocket To Russia” (à mon avis, leur premier album est plus important, car c’était le premier vrai album de punk-rock de l’histoire qui a inspiré toute une génération, mais je pense que leur troisième est meilleur),


3) SEX PISTOLS “Nevermind The Bollocks” (Je ne me lasserai jamais de cet album et c’est un album qui a attiré l’attention des médias concernant le punk-rock),


4) THE DAMNED “Damned, Damned, Damned” (le meilleur album de punk anglais de l’année 77),


5) DEAD BOYS “Young Loud And Snotty” (le meilleur album de punk anglais de l’année 77), [NDLR : haha excellent],


6) BLITZ “Voice Of A Generation” (mon album de Oi préféré !),


7) DISCHARGE “Hear Nothing See Nothing Say Nothing” (ils ont complètement redéfini le punk-rock anglais en ajoutant beaucoup d’agressivité et des paroles politiques désespérées à la formule d’origine et ils ont inspiré toute la génération suivante : le crust punk),


8) AMEBIX “No Sanctuary” (ils ont développé le son de Discharge, Crass et Killing Joke pour créer quelque chose de nouveau qui sera plus tard appelé le stench core, un mix mortel entre crust, punk et métal),


9) MINOR THREAT “Filler” (mon album favori d’US hardcore)


10) DISORDER “Perdition” (ils ont amené le côté bruitiste à un tel niveau que c’est parfois inaudible).


À mon avis, le punk, c’est être toi-même et affronter les règles et le système qui t’enchaîne. C’est le soutien mutuel, un réseau d’amis et la destruction des barrières entre les groupes qui jouent et le public pour prôner une forme d’égalité et de respect mutuel.




9/ Vous êtes de Bologne en Italie. Il y a beaucoup de groupes post-punk/goth dans votre pays. Est-ce que vous jouez régulièrement avec eux ? Pouvez-vous nous recommander quelques albums récents en provenance de l’underground italien ?

Oui, nous sommes de Bologne et il y a beaucoup de groupes qui pratiquent le goth/post-punk, mais nous n’avons pas vraiment de relations intimes avec eux. On ne joue pas si souvent avec d’autres groupes post-punk/goth, et même quand cela arrive, nous ne devenons jamais vraiment amis avec eux. Bien sûr, il y a un respect mutuel et du soutien durant la soirée concert, mais cela n’arrive jamais que, par la suite, nous nous écrivions juste pour demander des nouvelles ou dire bonjour. Peut-être qu’on devrait faire le premier pas XD. C’est peut-être aussi la norme, mais étant plus habitué à la scène punk, c’est vraiment différent. Honnêtement, je ne peux pas suggérer grand-chose, car ces dernières années, les nouveaux groupes italiens n’ont pas vraiment retenu mon attention. Il y a 10 ans c’était différent. Des groupes comme Dystopian Society, Mescaline Babies, Havah, Delenda Noia et Ivories font partie de ceux avec qui nous avons partagé la scène et avec qui nous sommes restés en contact. Mais devines quoi ? Ils avaient tous des origines punk.

Je ne veux pas paraître dur ou prétentieux, mais la plupart des groupes goth avec lesquels nous avons joué ne m’ont pas nécessairement laissé de souvenirs, tant et si bien que je ne me souviens même plus de leurs noms. Au fait, seuls 10% des concerts que nous faisons sont en dehors de la scène punk OK ? Et la plupart du temps, quand on joue pour un club goth, nous sommes le seul groupe suivi d’un DJ set. Cela rend encore plus difficile le fait de créer un véritable réseau, tu ne trouves pas ? [NDLR : évidemment, si le groupe est le seul à jouer, c’est tout de suite plus dur].



10/ L’Italie a une cargaison énorme de petits bijoux des années 80 en matière de post-punk/goth. Avez-vous quelques recommandations à nous faire en la matière ?

Carrément ! Les principaux étaient : Litfiba (leur premier album « Desaparecido » est super), Diaframma (écoutez leur album de 1984 : « Siberia »), Neon (« Rituals » en 1985 c’était mortel ! Dur d’imaginer que ça vient d’Italie). Il y a aussi une quantité de groupes qui n’ont sorti que des singles ou des démos K7, de super trucs, mais ils n’ont jamais réussi à sortir d’album complet ou n’ont pas duré assez longtemps pour que leur nom soit connu. En voici quelques uns : Jenesse d’Ivoire, Lacrime Di Cera, Witche’s Rune, Carillion Del Dolore, Death In Venice, Thelema, Art Of Waiting, Militia…



11/ Ok, parlons un peu des paroles maintenant. Quelles sont vos sources d’inspiration ? Quel genre de sujets aimez-vous aborder dans vos chansons ?

(Koppa) : J’écris la plupart des paroles et Marzia en écrit quelques-unes aussi. D’ailleurs, ses textes sont plus cryptiques et inspirés par des livres ou des films. Les miens sont plus directs et politisés. Je cherche l’inspiration dans ce que je vis au quotidien. Ainsi, la lecture des journaux est une bonne base. En fait, la plupart des textes parlent des sujets suivants : guerres, immigration, religions, injustices, le monde vu à travers mes yeux et ainsi de suite. D’autres textes sont plus personnels et parlent de sujet comme la frustration, la peur de mourir, la haine contre certaines personnes… mais il y a aussi un peu de place pour les textes plus positifs à propos des personnes que j’aime. Certains enjoignent les gens à se révolter et à devenir leur propre maître.



12/ Dans tous vos albums, il y a des morceaux très « catchy » avec des mélodies qui rentrent directement dans le crâne. « My Funeral Party » est un bon exemple, j’étais capable de chanter le refrain (comme une merde, je dois l’avouer) quasi instantanément !
Quand vous jouez sur scène, est-ce important pour vous que le public puisse gueuler certains passages avec vous?

Ce que tu dis est franchement sympa. Merci ! J’aime quand une chanson me rentre dans la tronche à tel point que je peux la chanter à l’infini, car ce sont ces chansons qui restent et ne sont pas oubliées au bout de quelque temps. Et c’est bien le problème de beaucoup de groupes aujourd’hui qui ne me laissent aucun souvenir après les avoir écoutés.

Quand nous jouons, la plupart du temps, les gens chantent une ou deux chansons avec nous, pas plus. J’adorerais les voir chanter tous nos morceaux, mais à mon avis cela n’arrivera jamais XD.



13/ J’ai peur que la prochaine question soit un peu difficile. Vous avez produit 4 albums (+ les EPs). Avez-vous un «préféré» ? Personnellement je les aime tous, mais celui que j’écoute le plus souvent est : Return Of The Empire.

Alors c’est en fait la question la plus facile à traiter pour moi. Mon favori est sans conteste « Living For Nothing ». Je pense que c’est notre meilleur album. Le son est audible tout en restant puissant. L’écriture est meilleure en termes de musique et de paroles. La section rythmique est la meilleure que nous ayons faite et mes lignes de chant sont moins « évidentes » que sur les précédents enregistrements. Je pense que chacun de nos albums a sa personnalité. Le premier était très basique, presque naïf, le second [Return Of The Empire] présentait pas mal d’évolutions, mais peut-être que vous pouvez ressentir cette espèce d’urgence qui est une caractéristique de nos racines punk. Le troisième contient notre meilleur morceau (selon moi) mais les prises de son et la batterie ne sont pas au top. Le quatrième, lui, est à mon avis le plus complet et celui qui bénéficie du meilleur enregistrement. C’est une évolution.



14/ Comment vous organisez-vous dans Horror Vacui ? Koppa : es-tu le seul maître à bord ou est-ce que tout le monde à la possibilité d’apporter des idées, des riffs ?
Où répétez-vous et à quelle fréquence ? Y a-t-il quelque chose que vous aimez faire après les répètes ? Trainer ensemble en écoutant de la musique, vous bourrer la gueule (« party-hard » comme on dit dans la scène métal) ou est-ce que tout le monde rentre chez soi ?

J’étais le « mastermind » durant nos débuts, puis, quand Masbucci a rejoint le groupe, nous avons partagé cette tâche : 50/50. Aujourd’hui, il écrit 90% de ce que nous mettons en boîte. C’est un musicien sensible et éclairé, il écoute des tas de trucs que je n’écoute pas. Comme je l’ai dit, j’écris la plupart des textes, mais Marzia en écrit aussi. Maintenant que nous avons un nouveau bassiste, on dirait que nous avons un nouveau membre avec une tonne d’idées (qui sont bonnes en plus).

En général, quelqu’un arrive avec quelques riffs ou un morceau complet, on jam un peu et de nouvelles idées émergent. Ensuite, j’ajoute les paroles. Je suis actuellement en train de construire une salle de répétition dans l’immeuble où j’habite. J’espère que ça va marcher, car ce sera notre nouvelle « Bat-Cave » et je vais y passer la plupart de mon temps. Après avoir répété, même si nous passons de très bons moments, tout le monde est un peu KO donc nous allons nous faire une bonne pizza et tout le monde rentre à la maison. Les seuls moments où nous passons du temps tous ensemble à picoler, c’est quand nous allons voir un concert. Passer des heures dans un van vous rend plus créatif que ce que les apparences laissent suggérer.



15/ Vous êtes 5 dans Horror Vacui. Est-ce que parmi vous, certains ont d’autres projets/groupes ?
Quelles sont vos passions en dehors d’Horror Vacui et des scènes post-punk/goth ?

Nous avons tous d’autres groupes :

Koppa : chanteur dans Horror Vacui, Guitariste dans Kontatto

Masbucci : Guitare dans Horror Vacui, synthé dans Nuovo Testamento, basse dans Spirito Di Lupo

Marzia : Guitare dans Horror Vacui, batterie dans Kontatto, TOUT dans Marthe

Gianni : basse dans Horror Vacui, guitare dans Komarov Sidekick et dans Aldo Morto

Mesca : Batterie dans Horror Vacui et dans Tenebra

La pandémie a butté la plupart des autres projets que nous avions, donc ceci est un état des lieux à l’heure actuelle.

Nous avons beaucoup de passions : voyages, randonnées, regarder le sport, boire du vin, cuisiner et manger de bons plats, danser le funk et le reggae, conduire des motos, enregistrer des groupes… On est multi-tâches haha




16/ Bon maintenant passons à une tradition dans Jeu D’Ombre héhé : quelle est votre plat préféré et votre boisson préférée.
Personnellement, j’adore le Chianti Classico rouge en termes de vins italiens. Est-ce que vous aimez ça vous aussi ? Pouvez-vous nous recommander quelques vins italiens ?
Avez-vous une recette spéciale dans le groupe ?

Je suis vraiment quelqu’un de banal… j’aime les pizzas (la PUGLIESE : tomates, mozzarella, olives noires, ognions et parmesan) et oui j’aime aussi le Chianti bien sûr !!!

Au niveau boissons, je dirais :

En vin rouge ( Rosso di Montefalco)

En vin blanc (Passerina)

En bière (La Hoegaarden)

Je recommande également les breuvages suivants : Prosecco, Pignoletto, Sauvignon, Muller Turgau, Nero D’avola, Syrah et Sangiovese.

Euh… non nous n’avons pas de recette spéciale Horror Vacui désolé.





17/ Avez-vous des tournées prévues pour bientôt ? Y a-t-il un endroit où vous aimeriez jouer avant de crever ?

Malheureusement, nous n’avons aucune tournée prévue à cause de la pandémie qui a niqué tous nos plans. Heureusement, l’année à venir sera meilleure. J’adorerai jouer au Japon, en Australie et au Brésil avant de m’éteindre, mais… non, je ne vendrai pas mon âme pour jouer dans un pays en particulier.



18/ Bon alors là, ce sera une question extrêmement longue, car c’est plutôt une anecdote en fait. Tu sais, je joue dans Manzer, un groupe de Black Metal old-school avec mon vieux frère : Shaxul (d’ailleurs, nous sommes aussi actifs dans les scènes post-punk/goth avec The Last Oath). Un jour, avant que je ne rejoigne Manzer, le groupe s’est produit à Bologne and après le concert, Shaxul s’est un peu promené dans la salle de concert.
Alors, Shaxul avisa une petite échoppe de disques dans la salle. Il y trouva 2 albums d’Horror Vacui, un groupe dont je lui avais parlé et qu’il avait adoré. Il a donc acheté les deux disques et est retourné parler avec les gens du public boire des coups. Une personne, voyant les disques qu’il avait achetés lui dit alors : « Ah oui ! Horror Vacui, c’est le groupe de Koppa, le vendeur de l’échoppe, mais il est trop timide pour le dire ».
Étant très surpris, Shaxul retourna immédiatement dans le magasin pour demander à ce trou du cul de Koppa de lui signer les deux CD d’Horror Vacui !!!
Est-ce que tu te rappelles de ça ? XD

Hahaha, et bien pas vraiment. C’est un de ces trucs que tu n’es pas tout à fait sûr d’avoir vécu ou que quelqu’un d’autre t’a raconté. Mais ça me ressemble bien ouai, désolé haha.



19/ Que penses-tu du fait que les disques ne se vendent quasiment plus ? As-tu un format préféré ? CD, Vinyl, K7 ? Achetez-vous régulièrement des disques ?

À mon avis, tu as tort. Je gère un label et une distro et je peux t’assurer que les ventes de vinyl ont été multipliées par 10 depuis quelques années. C’est la seule chose que la pandémie a eue de positif sur ma vie d’ailleurs. Mon format préféré est clairement le vinyl, ensuite la cassette puis le CD. À chaque fois que je vois un disquaire, j’y vais et je repars avec au moins une prod. Je n’aime pas acheter en ligne. J’aime parcourir le stock avec mes mains et j’adore la sensation que procure le fait de trouver un album que je cherchais depuis longtemps.



20/ Dans le Hexed Circle N°2 [un fanzine papier Ukrainien], vous expliquez qu’il vous arrive régulièrement de jouer dans des squats de punk. Avez-vous encore la possibilité de le faire ?

Oui, nous le faisons encore et le ferons toujours. Nous avons grandi et vécu dans des squats. Nous avons squatté des lieux et nous avons même organisé des squats, du coup, nous continuerons à jouer dans des squats. La plupart du temps, les concerts dans les squats sont beaucoup plus funs que dans des salles prestigieuses. Bien sûr, les squats ne sont pas tous identiques. Certains sont chouettes, bien organisés, propres et confortables alors que d’autres sont dégueulasses, désorganisés et spartiates « as hell ». Mais le squat est une pratique que nous avons toujours soutenue et nous y jouerons tant que nous sommes en vie.




21/ Vois-tu, Jeu D’Ombre sera peut-être édité en fanzine papier un jour. Mais, s’il est très fréquent de trouver des fanzines papier au sein des scènes métal, punk et grind, il n’en existe que très peu en ce qui concerne les scènes post-punk/goth.
Pensez-vous que ce serait une bonne idée d’éditer notre contenu en un modeste fanzine papier ? D’ailleurs, en avez-vous en Italie ?

Nous adorons les fanzines papier. J’ai personnellement une bonne collection de vieux fanzines et j’ai moi aussi édité mon propre zine par le passé. Cela s’appelait Infezione et, malheureusement, je n’avais pas assez d’argent pour faire imprimer le troisième numéro donc il n’y en a eu que 2. Je n’aime pas trop lire via Internet, car mes sens s’en retrouvent perturbés et je ne retiens que la moitié de ce que je retiendrais via un support physique. Ce serait génial de voir plus de zines. Mais nous vivons à une époque d’ordinateurs, alors je ne me fais pas trop d’illusions. Nous avons quelques zines en Italie (pas beaucoup par rapport aux décennies précédentes) mais seulement dans les scènes punk et métal [NDLR : ça alors ! XD]. Il y a bien un magazine pro qui parle des scènes goths en Italie, mais j’en ai lu un, une fois, et je ne connaissais pas 1% des groupes (et sujets) dont il parlait alors je dois admettre que c’était un peu soporifique pour moi comme lecture.



22/ Y a-t-il quelque chose que vous souhaitiez dire aux lecteurs·trices ? Promotion ? News ? Avis ?

Et bien, j’ai une page facebook qui est plutôt à jour concernant nos concerts et nos productions. Nous allons booker notre prochaine tournée sous peu et vous pourrez voir les dates sur notre profil quand tout sera confirmé. Nous écrivons de nouveaux morceaux et avec un peu de chance, nous sortirons un nouvel album dans 2 ans (1 an pour écrire et enregistrer l’album et 1 an de plus pour tout ce qui est lié au pressage, ce sont les délais aujourd’hui).

Un coffret de 6 K7 incluant quelques morceaux inédits, un livret de plus de 100 pages et une tonne de photos devrait bientôt sortir ainsi qu’une édition spéciale de notre dernier album (Living For Nothing). Quoi d’autre ? Je crois qu’on a fait le tour.



23/ Cela me fait de la peine de le dire, mais c’est la fin pour aujourd’hui, j’espère vous interviewer à nouveau pour la sortie de votre prochain album.
Je suis impatient de vous voir sur scène et pourquoi pas même de la partager avec vous un de ces jours. On vous apportera quelques bouteilles de pinard de notre pays haha.
Les derniers mots vous reviennent.
HELL !!!

Merci pour cette chouette interview, c’était différent par rapport à celles que nous recevons habituellement. Cela a été un plaisir de discuter avec toi et j’espère que tu aimeras nos réponses. Si ce n’est pas le cas, et bien, c’est ce que je pense, accepte ou casse-toi hahaha XD. Nous sommes impatients de rencontrer votre équipe de dingues et de faire une compétition de vin haha !

Si toi ou les lescteurs·trices bookent des concerts/festivals, vous pouvez nous contacter via l’adresse : koppadsr@yahoo.it ! Nous sommes chauds pour jouer n’importe où à partir du moment où vous ne soutenez pas d’idéaux fascistes de merde.

Les derniers mots seront plus philosophiques : ne laissez pas les fumiers vous écraser. Fuck Putin, Fuck Biden, Fuck the EU, Fuck the governments, Fuck religions.

Anarchy//Peace//Love//Freedom

Horror Vacui







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