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Interview - CORPUS DELICTI - Janvier 2023

Dernière mise à jour : 31 mars 2023


Photo : Loïc Swiny

Interviewer le groupe CULTE de Rock Gothique CORPUS DELICTI, c'est le genre de chose qui semble complètement impossible et à jamais destinée à résider dans les contrées du rêve. Et pourtant, aujourd'hui, en 2023, j'ai l'immense honneur de vous présenter un entretien réalisé avec les membres de ce groupe mythique. Le légendaire groupe Niçois n'est pas seulement une référence du Rock Gothique hexagonal, c'est un véritable morceau d'histoire des musiques sombres qui s'offre aujourd'hui à nous par le biais de cet entretien.

Le groupe a eu l'extrême gentillesse de répondre à nos question alors qu'ils sont actuellement en tournée internationale aux quatre coins du monde. Un grand merci à eux pour leur abnégation :-D


Propos recueillis par Xzvrey en Décembre 2022 / Janvier 2023.





1/ Hell-o Corpus Delicti. Avant toute chose, j'étais présent pour votre concert à Cognac le 5 novembre 2022. Quel live ! C'était vraiment super. Maintenant que le show est passé, quel est votre ressenti concernant cette soirée ?

Christophe : Hello, déjà nous avons été très bien reçus par les organisateurs, qui ont vraiment été aux petits soins avec nous (merci Roger !!), cette salle est magnifique et était déjà équipée à notre arrivée (chose suffisamment rare pour être soulignée !!) matériel au top ! Nous avons même eu la chance d’aller visiter les caves de Cognac : excellente découverte ! Et le concert s’est très bien déroulé devant un super public !




Photo : Philippe Pougetoux
2/ Je sais que c'est une question un peu redondante dans les interview, surtout pour un groupe que beaucoup de gens connaissent, mais, pour les lectrices et lecteurs qui n'ont jamais entendu parler de Corpus Delicti, pourriez-vous dresser un bref historique du groupe s’il vous plaît ? Pourriez-vous présenter le line-up actuel également ?

Christophe : Avec Roma, on a formé le groupe vers 1990/91 , après le passage d’un premier chanteur, Seb et Franck ont rejoint le groupe. Notre 1er album TWILIGHT est sorti en 1993, rapidement, on s’est mis à pas mal tourner un peu partout en France et à l’étranger. Franck a quitté le groupe juste avant la sortie du 2ème album SYLPHES, il a été remplacé à la guitare par Jérôme. Nous avons continué à jouer partout où on pouvait, on a fait notamment une tournée aux USA avec Faith and the Muse, Das Ich et Rosetta Stone. Notre 3ème album OBSESSION est sorti chez Warner et on a repris la route. Vers la fin des 90’s on était un peu fatigués de ce rythme, l’ambiance dans le groupe en pâtissait, on a sorti un dernier disque et puis on a lâché la rampe après 4 albums, plusieurs dizaines de concerts et 3 best of.





3/ Durant la période d’inactivité de Corpus Delicti, vous avez continué à faire de la musique dans différents projets studio. Chrys a d’ailleurs créé le groupe Press Gang Metropol que Franck et Sébastien ont également intégré exact ? Avec la reformation de corpus Delicti, est-ce que vos différents autres projets continueront d’exister ?

Christophe : De mon côté, la réponse est non ; PGM fut une super expérience et un projet ambitieux avec Franck et Seb pour le 1er album CHECKPOINT comme pour le 2ème album POINTBLANCK qui était plus mon album solo mais ça ne pouvait pas aller plus loin, pour un tas de raisons. Avant ça, j’avais fait un projet industriel KOM-INTERN : là non plus je ne me sentirais pas de refaire ça…alors que remonter Corpus Delicti m’est apparu une évidence quand on me l’a proposé !


Sébastien : mon projet Kuta est toujours d'actualité, je viens d'ailleurs de sortir un nouvel album « Polaroid ». Mais comme je ne fais pas de live, j'ai tout mon temps pour Corpus. Franck continue aussi son projet Curl, un album est en préparation.




Photo : Marie-Charlotte Bridant
4/ En parcourant votre biographie et votre interview dans le fanzine Twice N°78, j’ai vu que Roma, batteuse d’origine du groupe, n’avait malheureusement plus la possibilité de jouer de la batterie pour des raisons de santé. Comment se porte-t-elle aujourd’hui ?
Veuillez-lui transmettre nos meilleurs vœux de guérison de la part de l’équipe de Jeu D’Ombre.

Christophe : Elle va aussi bien qu’on peut l’être avec ce genre de handicap, évidemment elle est très frustrée -et ça se comprend- de ne pas être avec nous, on pense à elle et je sais que le public aussi.





5/ Vous êtes actuellement en tournée et allez visiter de nombreux pays comme le Mexique, l’Italie, la Grèce… Impatients ha ha ? Vous avez déclaré travailler sur une tournée en Amérique du Nord (toujours dans Twice N°78), est-ce que cela se profile bien ? Y a-t-il un endroit spécifique où vous souhaiteriez absolument jouer ?

Christophe :Oui, on est super content de voyager à nouveau, on adore tous ça, les USA sont toujours prévus (on doit faire là-bas entre 5 et 7 dates), on galère un peu avec les visas, mais on va trouver la solution ! Personnellement, j’aurais bien aimé jouer au Japon, mais rien en vue de ce côté-là pour l’instant.



6/ Qui dit reformation et tournées dit également répétitions pour se préparer. Comment vous organisez-vous aujourd’hui ? Quelle est la fréquence de vos sessions de travail ? Avez-vous un local ? Qu’aimez-vous faire avant et après une bonne répète ?

Christophe : On ne répète encore, mais peut-être pas assez !! Non, on n’a pas de local, on va dans un studio de répète, souvent après les répètes il y a une grande part de débrief avec tout ce qui nous reste à faire entre l’organisation des concerts/répètes etc. : y a du taf !!



Photo : Philippe Pougetoux


7/ Étant donné que la période d’inactivité de Corpus Delicti s’étale sur plus de 20 ans, était-ce difficile de retrouver votre son de l’époque ? Était-ce le but déjà ? Je veux dire qu’avec les années, tout a changé : les instruments, les amplis, les pédales d’effets… Pourtant, j’ai été stupéfait de constater que votre son sur scène était très fidèle au son des albums. L’atmosphère est conservée (on ne va pas s’en plaindre he he). Comment avez-vous réussi ce tour de force ?

Christophe : Oh, tu sais, c’est assez simple, parce que ce son on l’a toujours eu et toujours gardé. Franck a fait un petit travail pour retrouver certaines pédales d’effets, mais rien de compliqué, enfin, il faudrait lui demander, mais je crois que quand il s’agit d’acheter des pédales, il est toujours partant !


Sébastien : C'était un vrai souhait de notre part, retrouver l'essence des morceaux de nos albums, ne pas chercher à les « actualiser » . Quand certains groupes le font, je trouve ça rarement réussi.



8/ Le jeu de batterie de Laurent m’a mis sur mon derrière durant le concert. Comment cela s’est-il passé pour apprendre les morceaux et retranscrire les particularités du jeu de batterie de Roma ?

Christophe : Déjà, Laurent est un super batteur, en plus d’être humainement un gars en or, il est sérieux et bosseur, il s’est vraiment impliqué dans le projet. Au début, il avait parfois du mal à comprendre certains plans de Roma, alors ils ont un peu bossé ensemble tous les deux, et ça l’a fait !! Il a parfaitement compris le truc.


Sébastien : Nous savons que nous avons une chance incroyable de jouer avec lui. Le fait que Roma ne puisse plus jouer a été difficile à accepter et sans Laurent, je ne sais pas ce que nous aurions fait.



Photo : Stéphane Burlot

9/ De nos jours, nombre de jeunes personnes qui n’ont pas connu Corpus Delicti à l’époque découvrent votre musique et l’aiment sincèrement. Une partie de votre public s’est donc renouvelée. L’avez-vous constaté ces dernières années parmi le public ou via les réseaux sociaux etc. ? Quel effet cela fait-il ?

Christophe : Oui, à notre grande surprise, il y avait des jeunes, et même, des très jeunes à nos concerts. Bon, ce n’est pas non plus la majorité, mais franchement c’est génial, c’est rafraichissant !! Alors à quoi c’est dû ? YouTube et les réseaux sociaux y sont sans doute pour quelque chose.


Sébastien : sur nos statistiques Spotify, 70% des auditeurs ont moins de 34 ans ! C'est assez incroyable.




Photo : Philippe Pougetoux
10/ On en est à la moitié donc question déconne : À l’époque, vous aviez un look assez affirmé. Avez-vous pensé à le reproduire aujourd’hui ?
[NDLR : dans de nombreuses discussions avec d’autres passionné·e·s, le fait que le look de Corpus Delicti était marqué, mais pas exagéré, est souvent perçu comme une qualité].

Christophe : L’âge passant, il ne faut pas tomber dans le ridicule, et puis un look ça se ressent, si tu ne le ressens plus, il ne faut pas se forcer, sinon, c’est de la mascarade ! J’aime bien les gens lookés, mais je crois qu’on ne le pourrait plus, cela ne nous ressemble plus. Après, je crois que le public aime aussi ça chez nous, c’est qu’on ne joue pas, on ne cherche pas à être dans le cliché…mais ce n’est pas pour autant qu’on va venir sur scène comme dans la vie, un concert ça reste "de l’Entertainment".


Sébastien : personnellement, j'ai toujours pensé que l'esthétique gothique s'accordait bien avec la jeunesse. Mis à part le fait que je ne peux plus me crêper quoi que ce soit aujourd'hui XD, je ne me verrais pas me refaire mon maquillage autour des yeux. Je ne le renie absolument pas, nous nous servons d'ailleurs de cette image pour la tournée, mais j'avais...20 ans !



11/ On oublie trop souvent que les musiciens ont une vie à côté de leur(s) groupe(s). Êtes-vous musiciens à temps plein ou avez-vous des jobs à côté, d’autres activités, des familles etc. ? Comment votre vie quotidienne et vos activités artistiques s’accordent-elles ?

Christophe : Oui, on a tous un travail et une famille, on fait en sorte d’arriver à tout conjuguer, ce n’est pas toujours évident, ça demande de l’organisation et de la motivation.



Photo : Loïc Swiny
12/ Aujourd'hui, il y a de nombreuses sorties dans l’underground Post-Punk/Goth, avec des groupes talentueux partout dans le monde. Êtes-vous à la recherche de bons albums à découvrir ? Est-ce que certains groupes ont retenu votre attention ces dernières années ?

Christophe : Il y a eu une vague post punk très intéressante il y a quelque temps, j’adorais INTERPOL / THE RAKES / FRANZ FERDINAND / EDITORS / FRUSTRATION / COLD CAVE etc. … bon j’ai un peu lâché l’affaire ces derniers temps, j’étais plus dans la musique de films (28 jours après…) ou de séries (Gomorra...) ou le ska 60’s… Il y a quoi de bien en ce moment, sinon ?



13/ Dans le même registre, quel est votre sentiment concernant les scènes Post-Punk/Goth en général (public, labels, concerts…) ? Si vous deviez faire une comparaison avec ce que vous avez connu dans les années 90, que pourriez-vous nous dire ?

Christophe : Franchement, je ne sais pas, ça a l’air de bouger, mais rien de plus qu’avant j’ai l’impression, le public est toujours là, tant mieux. Je vois pas mal de groupes des 90’s se reformer, aurait-on lancé un mouvement ?- Je plaisante !- XD



14/ Pourriez-vous nous narrer un bon souvenir de tournée datant des années 90 avec Corpus Delicti s’il vous plait ?

Christophe :Peut-être le concert final de la tournée américaine au LIMELIGHT de New York : c’était juste incroyable, comme un rêve éveillé ! On jouait bien, on était à fond dans nos compos, le public était génial, on a eu un super accueil de sa part, la scène était fabuleuse, le lieu sublime… C’est vraiment un excellent souvenir !


Sébastien : oui, la tournée US reste un grand moment ! J'ai aussi d'excellents souvenirs de nos concerts avec Rozz Williams et Gitane Demone, en particulier l'Arapaho à Paris. J'ai beaucoup discuté avec Rozz qui était un personnage incroyablement attachant.



15/ Si une orga de concert souhaite vous contacter pour vous proposer une date, comment doit-elle s’y prendre ? Accepteriez-vous de jouer avec des groupes récents évoluant dans un univers musical proche du votre ? Après tout, vous avez joué avec The Doctors à Cognac.

Christophe : Il faut contacter le groupe par mail à cette adresse : corpusdelicti@orange.fr Oui bien sûr, on accepte tout le monde, d’ailleurs, nous ne choisissons pas de toute manière, ce sont les organisateurs qui s’en chargent : ça nous permet de découvrir des groupes.



Photo : Philippe Pougetoux

16/ En tant que musicien moi-même, je dois dire que la musique de Corpus Delicti est une source d’inspiration intarissable. Vous arrive-t-il souvent de rencontrer d’autres musiciens inspirés par votre musique ? Quel effet cela fait-il d’être une influence non-négligeable pour les autres ?

Christophe : Oui, on en rencontre parfois, évidemment ça fait plaisir, c’est toujours un peu surprenant je dois dire, puisque qu’en tant que musicien on a toujours tendance à ne voir que ses lacunes, alors on se dit « ah ben finalement c’est pas si mal ce que je fais », d’ailleurs c’est très drôle aussi de voir des covers (basse/guitare ou drum) de Corpus Delicti sur YouTube : on regarde et on voit comment les gens ont réinterprété ce qu’on joue, c’est à la fois flatteur... et bizarre, mais bon, il faut toujours garder les pieds sur terre...



Photo : Stéphane Burlot
17/ Bon alors attention. Dans Jeu D’Ombre on ne rigole pas avec la gastronomie donc vous allez être obligés d’en passer par là vous aussi (pas de passe-droit chez nous ha ha). Quels sont vos plats et boissons favoris·tes?

Christophe : La cuisine italienne avant toutes les autres : on a la chance d’habiter juste à côté de la frontière, et pour moi c’est le paradis ! La cuisine y est, à mes yeux, bien meilleure que la française (même si je l’aime aussi, attention !!), et puis j’adore ce pays, et aussi le fait d’avoir de la famille et des amis italiens qui font des plats fabuleux, ça joue pas mal !


Sébastien : de mon côté, je ne peux pas résister à un Cheescake....



18/ Et maintenant, la question à 1000 €ugros : travaillez-vous sur de nouvelles compos ? Vous avez déjà un répertoire conséquent et qui peut se suffire à lui-même, c’est certain. Cependant, le besoin de création est bien souvent incontrôlable (euh… ce n’est peut-être pas plus mal). Alors, dites-nous, avez-vous envie de créer de nouveaux titres ? Un projet d’album peut-être ?

Christophe : Pour l’instant, on se concentre sur les concerts, c’est la priorité. Il y a encore pas mal de titres à bosser, il faut faire les choses dans l’ordre, surtout ne pas se précipiter et ensuite s’ il doit y avoir de nouvelles compos, les choses se feront d’elles-mêmes, cela deviendra une évidence... ou pas.




Photo : Stéphane Burlot
19/ Auriez-vous quelque chose de plus à dire au lectorat de Jeu D’Ombre ?

Christophe : Merci à vous pour l’intérêt que vous portez à CD : si nous sommes encore là aujourd’hui, c’est surtout grâce à vous, merci encore et à bientôt !









20/ Merci beaucoup d’avoir répondu aux questions de Jeu D’Ombre, c’est un immense honneur que d’avoir la chance de vous interviewer pour notre zine.
Pour ma part, j’espère revenir vous voir en concert pour reprendre une baffe atomique comme à Cognac. C’est avec la mélodie de Dust And Fire dans la tête que je vous souhaite le meilleur pour vos futurs concerts et pour tous vos projets musicaux.
À la prochaine ! :-D


Photo : Philippe Pougetoux



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