Interview - QOYA - 2025
- Xzvrey
- il y a 3 jours
- 10 min de lecture

Qoya, c'est un trio originaire de Grenoble très intéressant que nous avons déjà chroniqué dans notre zine. Mélangeant allègrement les influences Post-Punk, Rock et Doom-Metal, ce jeune groupe a réellement su inventer un style qui lui est propre. Un tel groupe mérite toute notre attention dans le sens où il s'exprime avec passion et sincérité.
Leur nouvel album : Karma est une magnifique pièce que nous ne saurions que trop vous recommander. Il était vital pour nous d'en savoir un peu plus sur ce projet décidément plus qu'intrigant.
Propos recueillis par Xzvrey en 2025.
1/ Salut Qoya ! Comment allez-vous ? Cela fait plaisir d’interviewer un groupe qui sort un peu des sentiers battus de notre zine. Quelles sont vos activités ces derniers temps ?
Salut à toi ! On va très bien, merci. On a eu l’opportunité de jouer de droite à gauche mais surtout de commencer à composer la suite. On planifie également de nouvelles dates pour la prochaine saison.
2/ Allons-y avec les formalités. Pourriez-vous décrire le groupe s’il vous plaît et nous parler de sa fondation ? Qui sont les musiciens impliqués ? Quel style pratiquez-vous selon vous ?
Nous sommes un trio originaire de Grenoble formé fin 2017. On voulait initialement monter un groupe de post-punk avec des influences comme Eagulls ou Joy Division. Le groupe s’articule autour de Quentin (guitare/chant) et d’Antoine (guitare). Amar nous a rejoint peu après à la batterie. Nous avions également un bassiste (Anthony) rencontré ensuite. C’est sous cette forme qu’est né le premier EP du groupe, The Fall.
Par la suite, nous étions peu satisfaits du résultat et avons pris la décision mutuelle de continuer en trio. L’alchimie fonctionnait tellement bien que nous avons préféré travailler avec un synthé basse plutôt que de collaborer avec un nouveau musicien. Amar s’est donc retrouvé aux commandes des synthés en plus de la batterie, ce qui a permis d’insuffler une toute nouvelle direction artistique au groupe.
Ce vent nouveau s’est donc retrouvé sur Yokai, notre premier album, sorti en 2021. C’est le son de cet album qui a véritablement posé la première pierre pour QOYA.
Concernant le style, nous avons un peu de mal avec les étiquettes, mais généralement celles de post-rock ou goth-rock fonctionne bien.

3/ Vous avez sorti assez récemment l’album Karma, un magnifique opus selon moi. Quels sont les retours jusqu’à présent ? Êtes-vous satisfaits de la réception de votre album par le public ? Des chroniques ?
Merci beaucoup pour le compliment ! Les retours sont plutôt très positifs, bien que ceux-ci restent dans un cercle plutôt restreint. Clément Dubosc, notre PR, a tout de même fait un bon travail de diffusion, ce qui nous a valu de belles chroniques dans la presse spécialisée. (New Noise, Verdamnis, Veil of Sound …)
Nous recevons généralement de beaux compliments en concert, et avons effectivement le sentiment que l’album est bien reçu.
4/ Les parties instrumentales de vos morceaux sont très développées. Est-ce que vous passez beaucoup de temps à créer les lignes des différents instruments ? Quelle est la place du chant et des paroles dans votre musique ?
Merci encore !
On passe un temps non négligeable à faire la partie instrumentale mais, en fonction de notre créativité, cela peut aller très vite. La création de la partie instrumentale d’un morceau à l’autre peut être d’une session de 4h à 2 mois.
Le chant vient généralement s’apposer à la toute fin. Les paroles sont arrangées en fonction de la durée des parties instrumentales et la thématique survient tout naturellement.
5/ Comment organisez-vous le travail dans le groupe ? Est-ce que vous répétez souvent ? Qui écrit les morceaux et les paroles ? De quoi parlent vos textes d’ailleurs ?
Il n’y a pas d’organisation à proprement parler, nous composons généralement en répétition, que ce soit à deux ou en trio, l’alchimie vient faire le reste.
Notre rythme de répétition est assez régulier, généralement 3 à 4 fois par mois. Le déménagement récent d’Amar à Bruxelles change un peu le rythme, mais nous trouvons toujours des moyens de combler notre besoin de pratique et de créativité.
Les paroles sont écrites par moi-même (Quentin) et tournent essentiellement autour de la spiritualité, des vies antérieures et autres entités spectrales.

6/ Avant de fonder Qoya, étiez-vous déjà actifs dans d’autres formations en tant que musiciens ? Quel est votre parcours ?
Quentin : J’ai commencé véritablement le chant en montant Shifthead, un groupe de punk-rock influencé par la vague californienne. Ce groupe a tous les symptômes du premier groupe, mais je n’en garde que des bons souvenirs. J’ai également officié quelques années à la guitare dans Hadewijch, groupe de Doom lyonnais.
Amar : oui j’ai fait partie d’un groupe de punk quand j'étais au collège et au lycée avec qui on a fait quelques concerts autour de Grenoble mais qui s'est séparé à la fin du lycée. J'ai aussi été au conservatoire de Grenoble d'abord en Percussions classiques puis en batterie
Antoine : j’ai fais partie d’un petit groupe au collège/lycée, on composait du rock indé (type Arctic Monkeys et the Strokes) et on a quand même pu faire de jolies scènes comme le Grand Angle à Voiron et le Mistral Palace sur Valence.
7/ Je sais de source sûre que vous recherchez des dates de concerts. Vous êtes donc ouverts au live. Avez-vous déjà eu l’occasion de présenter votre musique face à un public ? Quel est votre rapport à la scène ? Êtes-vous affables avec les spectateurs ou plutôt réservés ?
Nous donnons effectivement régulièrement des concerts et ce depuis la création du groupe. Cependant nous ne sommes pas encore sortis de l’hexagone. Notre musique instaure indubitablement un rapport assez intimiste avec le public, et nous sommes tout à fait à l’aise avec ça !
8/ Quelles sont vos principales influences musicales et vos goûts en matière de musique ? Pourriez-vous citer quelques références s’il vous plaît ?
Quentin : De mon côté, j’ai grandi bercé dans new wave de par les CDs et cassettes appartenant à mon père, ce qui m’a mené rapidement vers les scènes goth et post-punk, notamment avec des formations désormais classiques comme Depeche Mode, Joy Division, Kate Bush ou même le décrié Indochine. Je me suis découvert plus tardivement une passion pour le black-metal et le doom, avec des groupes comme Emperor ou Type O Negative, qui ont probablement marqué au fer rouge ma façon de faire de la musique.
Aujourd’hui je continue d’explorer le passé en creusant dans les scènes goth (coup de cœur particulier sur les vieux Xymox), black et doom principalement, bien que je reste assez ouvert en termes de style (je bloque parfois sur de la country ou de l’électro).
Amar : j'écoute pleins de choses différentes, notamment pas mal de jazz à un moment ce qui m'a beaucoup influencé dans mon jeu de batterie, avec des artistes comme Alfa Mist ou Yussef Dayes. Aujourd'hui j'écoute principalement du rap, de l'ambient et de la musique expérimentale qui sont mes sources d'inspiration pour toutes les parties électroniques de QOYA. Je pourrais citer Ian William Craig, billy woods ou The Humble Bee
Antoine : Pour ma part j’ai commencé à apprécier la musique assez jeune avec du nu-metal comme Linkin Park et Korn.
Puis je me suis tourné vers le prog avec Pink Floyd et Porcupine Tree.
Et depuis quelques années je suis sous le charme du stoner/doom (QOTSA, Pallbearer) et de la coldwave (Molchat Doma/She Past Away).
Je pense que ma guitare est un mélange de tout ça *rire*.

9/ Votre musique mélange avec un certain brio des éléments coldwave, post-rock, doom-metal… c’est très riche et pourtant tout se combine parfaitement pour donner un son unique. Ressentez-vous une certaine fierté d’avoir réussi à créer quelque chose d’original ? Était-ce le but ? Est-ce que d’autres personnes vous font ce type de retour ?
Encore une fois merci à toi !
Fier est un mot un peu fort, mais nous sommes effectivement satisfaits de ce que nous faisons et de nos partis pris, notamment lorsqu’on a la chance de recevoir de bons retours de la part du public. Nous pensons que nous sommes arrivés à inclure un peu de toutes nos influences naturellement dans nos musiques et si ça sonne bien, tant mieux ! *rires*
Au niveau des retours, nous entendons souvent que notre musique possède une sonorité assez unique et on sent aussi que ça déroute parfois, mais on a rarement vu des gens quitter la salle pendant nos représentations, ce qui est plutôt positif.

10/ Pause déconne. Votre nouvel album s'appelle Karma. Le votre se situe à quel niveau à peu près ? En quoi espérez-vous vous réincarner ? Qu’étiez-vous dans vos précédentes vies (perso j’ai été une mite en pull-over, c’était sympa) ?
Quentin : J’espère qu’il va pas trop mal, c’est tout ce que je lui souhaite ! Je crois que j’étais un ermite dans ma vie passée et je sens que cette vie m’affecte encore aujourd’hui, notamment dans ma relation avec les gens. *rires*
Pour la suite, je laisse libre cours au temps et à la nature!
Amar: je crois que mon Karma va bien ! Je pourrais pas te dire pour les autres faudrait que j'aille voir un medium.
Antoine : J’étais sûrement pas Ghandi dans une ancienne vie mais je pense avoir un karma positif, et je fais actuellement en sorte de me réincarner.
11/ Comme vous le savez, ici nous parlons beaucoup des scènes Post-Punk/Goth. Est-ce que vous connaissez un peu ces univers musicaux ? En écoutez-vous ? Y a-t-il des groupes qui vous plaisent dans ce spectre musical ?
Nous venons tous trois d’univers musicaux différents mais nous écoutons effectivement pas mal de post-punk, avec des formations actuelles comme She Past Away, toute la vague de post-punk russe avec Nürnberg* ou Ploho. Mais le gothique de la bande c’est plutôt Quentin, qui voue une passion pour cette scène, fan invétéré de Chameleons, Low Life ou encore Clan of Xymox.
*[NDLR : En fait, Nürnberg est un groupe Biélorusse]
12/ Vous êtes basés à Lyon je crois non ? Est-ce qu’il y a des coins sympas pour voir des concerts par chez vous ? Comment se porte les différentes scènes indépendantes dans vos contrées ?
Nous sommes de Grenoble, capitale des Alpes. Il y a pas mal de coins sympas (Ampérage, le Ciel…) mais qui, comme partout, connaissent des difficultés avec la situation actuelle. La scène se porte bien, en tout cas elle foisonne de créativité selon nous, surtout à Grenoble.
Une bonne partie de nos concerts (pour ne pas dire 50%) se déroule sur Lyon, il y a de belles scènes par là-bas comme Les Pentes (anciennement le Farmer) et le Sonic (lieu idéal pour écouter de la coldwave).

13/ Que faites-vous en dehors de la musique ? Avez-vous des jobs, des passions, des loisirs ? Quel genre de personnes êtes-vous ?
Quentin : A Grenoble, nous avons la chance d’être entourés par les montagnes, je fais donc pas mal de rando et j’aime me perdre dans la nature. Je lis aussi pas mal. J’ai également un job de technicien en micro-électronique en parallèle.
Amar : J'ai fait des études d'art et je suis aujourd'hui artiste plasticien, je fais principalement de l'installation et de la performance ainsi que des ateliers.
Antoine : Pour ma part je suis ingénieur, mais je m’évade constamment dans la lecture Sci-Fi, fantastique et fantasy.
Je dirais que je suis une personne curieuse qui jongle entre être casanier et être bohème en fonction des périodes.
14/ Êtes-vous actuellement investis dans d’autres projets musicaux ? D’autres groupes, des zines, radios, orga de concerts?
Amar : Je suis également batteur dans un groupe de blackgaze qui s’appelle Darak depuis cette année. Sinon je fais aussi de la musique ambient un peu expérimentale en solo sous mon propre nom (Amar Ruiz).
Quentin : J’ai récemment enregistré le premier EP d’un projet solo, Funeste. Une sorte de darkwave hybride avec du dungeon synth, influencée par des formations comme Ulver, Dead Can Dance ou Depressive Silence. Cela sortira probablement en fin d’année !
Concernant l’orga de dates, je file régulièrement des coups de main à Eptagon, un collectif artistique dont QOYA fait partie.
Antoine : Je file également des coups de main à Eptagon en tant que trésorier. Je fais un peu de MAO mais rien de très concret pour l’instant.
15/ Quelles sont les plus belles rencontres que vous ayez faites durant vos activités liées à Qoya ? Avez-vous eu de grandes satisfactions ? Des déceptions aussi ?
Nous avons des liens solides avec les autres membres du collectif Eptagon, où on trouve de très bonnes formations officiant dans des registres plus metal, telles que Liquid Flesh, Barus ou encore Azimut.
Nos principales satisfactions tournent autour de ce que nous créons, nous sommes satisfaits de nos deux premiers albums. Quant aux déceptions, elles sont généralement vite oubliées, mais il est vrai que la production du premier EP n’est pas sans regret.

16/ Que signifie le fait de jouer de la musique pour vous ? Quel est le sens profond de cette activité dans vos vies ? Quels sont vos futurs projets ?
La musique a un rôle central et cathartique au sein de chacun des membres du groupe et nous avons tous trois articulés nos vies autour de cette passion. Nos projets vont vers de nouvelles compositions et de nouvelles explorations artistiques, nous prenons notre temps pour produire quelque chose dont nous sommes pleinement satisfaits.
17/ C’est l’heure de la bouffe. N’espérez même pas esquiver cette question haha. Quels sont vos plats et boissons préférés ? Une recette spéciale Qoya à nous communiquer ?
Quentin : Nos ravioles du Dauphiné évidemment.
Amar : Lors d'un concert à La Clusaz au Lion d'Or on nous a servi un shot qui s'appelait Marseille Grenoble la Clusaz. On en a encore des traumatismes haha.
Antoine : Je vais sûrement me faire des ennemis mais je suis un grand fan de Jägerbomb (même si en tant que grenoblois je devrais vous vendre la Chartreuse). Si j’ai un plat facile et healthy à vous conseiller, ce sont les lasagnes épinards-chèvre.
18/ Quel serait votre rêve le plus fou avec Qoya et comment le lectorat de Jeu d'Ombre peut vous aider ?
Quentin : On aimerait pouvoir tourner un peu plus en France et à l’étranger, bien que cela implique un certain coût aujourd’hui. Mais je n’ai pas l’impression de suivre un rêve en particulier, nous donnons déjà tout dans nos compositions.
Antoine : Tourner un film à la The Wall avec les musiques de Qoya, mais je vais attendre une grosse promotion au boulot avant de me lancer là dedans *rire*.
19/ C’est dommage mais nous nous approchons déjà de la fin de cet entretien. Auriez-vous quelque chose de plus à dire aux lectrices et lecteurs ?
Simplement un grand merci à ceux qui nous soutiennent, cela nous va droit au cœur.
20/ Merci beaucoup pour vos réponses, les derniers mots vous reviennent et j’ai hâte de vous rencontrer de visu si nous arrivons à faire des concerts ensembles 😊
Portez-vous bien, A+
Merci à toi pour cette interview et ces questions pertinentes !

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